mardi 8 avril 2014
Même si toutes les mers étaient de l'encre, ça ne suffirait pas...
Photo: la Porte du voyage sans retour, qui donne sur la mer, dans la Maison des esclaves.
Sur la petite île de Gorée, en face de Dakar, là où se trouve la Maison des esclaves, là où des milliers d’Afro-Américains viennent chaque année en pèlerinage, j’ai écouté le conservateur raconter des horreurs innommables, détailler la cruauté humaine dans ce qu’elle a de plus extrême, de plus laid. J’ai écouté avec intérêt, mais sans émotion. Pourtant, les images du film 12 years a slave m’ont bouleversée et m’ont hantée pendant des jours.
Le conservateur de la Maison des esclaves nous a raconté les atrocités que l’on connaît déjà : les enfants arrachés à leur mère, les viols des femmes, la faim, les fers, les coups de fouet, les corps jetés aux requins, etc. Il nous a aussi raconté l’anecdote de Nelson Mandela, qui a passé quelques minutes dans la Cellule des récalcitrants, une minuscule cellule au plafond très bas, conçue pour empêcher les hommes de se mettre debout. Mandela en serait sorti les larmes aux yeux.
Plus que le récit de ce catalogue d’horreurs, c’est une simple plaque sur le mur qui m’a émue. Une plaque sur laquelle on peut lire une phrase, très courte, très simple mais si lourde de sens.
« Même si tout le ciel était fait de papier et toutes les mers étaient de l’encre, je serais incapable de décrire la brutalité de la traite des esclaves. »
William Bosman, marchand d’esclaves. 1701.
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Couleurs d'ailleurs
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Ouf...
RépondreEffacerRemarquons que c'est un marchand d'esclaves qui a prononcé ces mots... Au-delà de la souffrance, ce serait un beau titre de roman : 'Même si toutes les mers étaient de l'encre, cela ne suffirait pas...' Bonne route ! Élisabeth Marza
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