M. 1924-2013.
Partie sans vraiment être partie.
Ne restait d’elle qu’un filet de voix.
Son vocabulaire réduit à des monosyllabes
chuchotés.
Un regard trop souvent vague, avec parfois un éclair plus alerte, comme si une étincelle se ravivait de temps en temps dans son
esprit ravagé par l’Alzheimer.
Cette semaine, M. est partie.
Vraiment partie.
Elle a quitté son corps décharné.
Partie sans prévenir, silencieusement et
humblement.
Fidèle à elle-même.
La mort de M. me fait lorgner du côté de la
prière.
Petite, je priais.
Je récitais docilement les formules apprises
à l’école ou l’église, sans les comprendre et sans y croire.
Je ne prie plus depuis longtemps.
Pourtant, avec le départ de M. me revient
une envie furieuse de prier.
Prier pour éloigner cet accablant constat :
l’inévitabilité de la mort.
Prier pour avoir l’impression de faire
quelque chose pour M., une dernière fois.
Lui envoyer des pensées apaisantes et de l’énergie
positive, là où elle s’en va…
Mais comment prier quand on n'y croit pas?
J'envie les gens qui ont la foi et qui prient : ils peuvent offrir cet ultime cadeau à
leurs morts.