M. porte une couche. Parfois, ses cheveux
blancs sont gras. Parfois, elle sent l’urine. Souvent, elle oublie de fermer la
bouche. Quand on lui tend un papier
mouchoir, elle essuie sagement la salive qui coule sur le menton. Même aux questions les plus simples, elle ne
répond plus. Mais le pire, c’est son regard.
Vague. Vacant. Vide.
Le corps de M. est devenu une
bouleversante enseigne de la décrépitude et de l’Alzheimer.
Il ne reste rien de la femme distinguée,
cultivée et coquette que j’ai connue il y a vingt ans.
Chaque fois que je vais la voir, je me dis,
le cœur chaviré :
M. n’est plus là.
Elle est partie.
À la fin de mes visites (que je passe à lui
lire des albums illustrés et à lui chanter des comptines), je me penche vers elle et l’entoure
de mes bras.
Je lui dis : « Give me a hug. »
Et là…
Elle me serre dans ses bras amaigris.
Elle me serre fort.
Fort.
Chaque fois, je m’étonne de la vigueur de
son étreinte.
Et je me dis, le cœur chaviré:
M. est encore là.
Elle n’est pas tout à fait partie.