M. porte une couche. Parfois, ses cheveux
blancs sont gras. Parfois, elle sent l’urine. Souvent, elle oublie de fermer la
bouche. Quand on lui tend un papier
mouchoir, elle essuie sagement la salive qui coule sur le menton. Même aux questions les plus simples, elle ne
répond plus. Mais le pire, c’est son regard.
Vague. Vacant. Vide.
Le corps de M. est devenu une
bouleversante enseigne de la décrépitude et de l’Alzheimer.
Il ne reste rien de la femme distinguée,
cultivée et coquette que j’ai connue il y a vingt ans.
Chaque fois que je vais la voir, je me dis,
le cœur chaviré :
M. n’est plus là.
Elle est partie.
À la fin de mes visites (que je passe à lui
lire des albums illustrés et à lui chanter des comptines), je me penche vers elle et l’entoure
de mes bras.
Je lui dis : « Give me a hug. »
Et là…
Elle me serre dans ses bras amaigris.
Elle me serre fort.
Fort.
Chaque fois, je m’étonne de la vigueur de
son étreinte.
Et je me dis, le cœur chaviré:
M. est encore là.
Elle n’est pas tout à fait partie.
Ma mère ne souffrait pas de l'Alzheimer, même consciente jusqu'à l'avant-veille de son décès, ne mai dernier, elle ressemblait quand même à M.
RépondreEffacerD'où le coeur qui me chavire aussi en lisant ton billet.
Andrée, comment tu fais pour nous mettre de la poussière dans les yeux avec moins de 200 mots? Tu sais que le vrai talent, il se trouve là?
RépondreEffacerMes meilleures pensées à Neale.
Tu veux vraiment me faire pleurer ? On a toujours un petit lac de larmes qui stagne au fond de soi.
RépondreEffacerémouvant ...
RépondreEffacerL'Encre xxx
Il y a la maladie mais il y aussi tes mots et l'amour qu'ils portent.
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