Audrey Malo est illustratrice de profession et enthousiaste de nature. Elle a étudié à l’Université Concordia en studio arts et en design graphique à l’UQAM. Elle a créé des illustrations pour de nombreux journaux : Le Devoir, The Globe and Mail, The New York Times, The Washington Post. Elle a aussi créé les affiches de la campagne de vaccination contre la Covid-19 chez les enfants de 5 à 11 ans. Audrey illustre de façon instinctive et imprévisible en mariant les formes organiques et géométriques, toujours avec une touche d’humour et de légèreté.
Quelle technique as-tu utilisée pour illustrer On se tait s’il vous plait!
Tout a été tracé directement sur mon iPad, de l’esquisse à la coloration finale, en utilisant l’application Adobe Fresco.
À quoi ressemble ton processus de création? Est-ce que tu fais beaucoup de recherches
visuelles avant d’illustrer? Beaucoup de croquis?
Ça dépend toujours du type de projet, si j’ai beaucoup de temps pour le
faire, si le client sait exactement ce qu’il veut ou non… Mais normalement,
j’improvise beaucoup, sans faire de recherche ou de croquis avant. J’aime le
résultat spontané et inattendu que ça produit!
Quand je fais un album, je vais faire des esquisses de mise en page rapide, regarder avec l’éditeur ou l’éditrice si le rythme est convenable, puis tracer au propre tout de suite après et enchaîner avec la couleur. Je planifie la composition générale, mais je laisse mon intuition inventer les petits détails de chaque scène au fur et à mesure que je produis les pages.
Parallèlement, je suis plus dans la recherche quand je fais des illustrations personnelles, pour faire progresser ma démarche et chercher de nouvelles inspirations. Dans ce cas je regarde beaucoup d’images de références, autant anciennes que récentes, et je produis toutes sortes de croquis dans un carnet dans lequel je peux revenir plus tard pour utiliser dans d’autres projets. Je pense que cette recherche que je fais pour mon travail personnel influence mon travail professionnel et compense pour le peu de recherche que je fais dans celui-ci!
Comment est-ce que tu choisis tes couleurs? Ou comment te sers-tu de la
couleur pour créer une atmosphère?
Il y a quelques années, j’ai établi une palette de couleur que j’aimais
bien pour me donner des contraintes et aussi m’empêcher de passer trop de temps
à hésiter sur quelle couleur utiliser. Le but était aussi de donner une sorte
d’uniformité à mon travail d’une pièce à l’autre. Avec le temps, j’ai commencé
à introduire d’autres teintes dans cette palette, mais c’est toujours en
référence à la première. J’aime utiliser une couleur principale pour tracer mon
travail, c’est-à-dire la couleur la plus foncée, et choisir des teintes qui
contrastent bien avec elle selon les objectifs du projet.
Audrey, toute jeune, déjà en train de créer! |
Quels ont été tes défis pour illustrer On se tait s’il vous plait!
Je crois que c’est le fait qu’il fallait garder le compte de tous les élèves de la classe et essayer de créer des compositions où chaque personnage allait revenir de temps à autre. Sinon, il fallait aussi trouver un moyen d’intégrer le visuel de l’histoire de Paf le panda pour que le lecteur soit intrigué lui aussi et veuille savoir comment se termine le livre que la professeure voulait lire. Je trouvais ça important pour le rythme visuel de l’album.
Quelle est ton illustration préférée dans On se tait s’il vous plait! et pour quelle raison?J’aime bien quand Paf le panda est caché dans une boîte, à côté d’une poubelle, et qu’il s’apprête à manger sa pizza et la scène où Madame Annie bouillonne de rage!
On se tait s’il vous plait! met en scène des élèves agités et turbulents. Quand tu étais petite, en classe, étais-tu une tannante ou écoutais-tu sagement?
J’étais plus du type sage! Je n’aimais pas les conflits ou me faire chicaner, et c’est toujours le cas.
Je ne pense pas, mais ça m’intéresse de savoir si on le perçoit comme tel parce que mes inspirations sont vintage! Je crois que le rendu est plutôt contemporain, avec des formes géométriques et organiques qui cohabitent. Je ne sais pas trop comment le décrire plus simplement, mais j’aimerais bien qu’on me décrive mon style pour moi.
J’aime les deux pour des raisons différentes. C’est bien d’avoir de la diversité dans mon travail, ça casse la routine. Mais je pense que pour être honnête, c’est plus facile pour moi de faire de l’éditorial parce que ce sont des projets super rapides dont on voit le résultat presque immédiatement. Avec les albums jeunesse, il faut travailler longtemps et très fort, en recréant toujours les mêmes personnages page après page. Ça travaille ma patience, mais c’est énormément gratifiant de voir le produit final!
J’en ai encore beaucoup, comme de publier mon propre livre, créer une murale, ou travailler sur le branding d’un restaurant, entre autres.
Une anecdote que tu as envie de partager sur ton métier d’illustratrice?
Comme bien des illustrateurs, je travaille souvent couchée sur le divan!
Quand je suis dans cette position, je n’en reviens pas que c’est mon métier,
que la petite fille que j’étais trouverait ça plutôt drôle de me voir plus tard
travailler ainsi avec autant de liberté.