
Ces derniers jours, les médias nous ont servi plusieurs beaux témoignages sur
Michel Chartrand.
Mais c’est celui de Gil Courtemanche, dans
LeDevoir de samedi, qui m’a le plus hameçonné.
« L'homme révolté, pour parvenir à l'équilibre sur la corde raide de la critique permanente, doit croire profondément au bonheur et à la beauté des choses. C'est parce qu'il est profondément inspiré par la beauté et le bonheur qu'il en fait sa revendication incessante. Tels étaient Camus, Éluard, Ferré et, pour moi, près de moi, en moi, l'homme dont la rencontre fut la plus déterminante pour le reste de ma vie, Michel Chartrand, notre homme révolté, mon homme révolté. (…)
« Mauvais catholique mais chrétien exemplaire et convaincu, Michel incarnait ces valeurs: la générosité, la recherche de la justice, le partage, la solidarité humaine et, surtout, l'obligation sacrée de ne pas pratiquer l'indifférence et de travailler sans cesse à la possibilité du bonheur et de la beauté."
J’ai découpé la chronique de Courtemanche pour l’épingler sur mon babillard. En me disant: « C’est comme ça que je veux vivre ma vie. »
Ouais.
Mais il y tout un monde entre la théorie et la pratique.
Autant on peut croire dur comme fer à l’importance de s’engager, autant on peut avoir envie de ne pas s’engager…
L’ironie, c’est que cette semaine, on est justement venu solliciter mon temps et mon énergie pour que je m’implique dans un organisme à but non lucratif. La cause est valable et me tient grandement à cœur.
Mon premier réflexe est pourtant de dire
NON! NON! NON!Et de me sauver à toute vitesse!
Oui, je veux donner (et redonner), contribuer à ma communauté, mais sapristi, je n’ai pas déjà pas assez de
TEMPS pour accomplir tout ce que j’ai envie de faire. Une journée de 24 heures, c’est cruellement court. Et je n’ai jamais assez de
TEMPS pour arriver à tout cocher sur mes listes qui sans cesse s’allongent et se regénèrent… Et bien sûr, je n’ai jamais assez de
TEMPS pour écrire tout ce que j’ai envie d’écrire.
Même si écrire, c’est une façon d'aller vers les autres, de partager, de transmettre des valeurs, la création reste un acte essentiellement égoïste… étroitement lié à l’égo.
Dire oui au bénévolat, c’est perdre un temps précieux que je veux donner à l’écriture.
Dire non au bénévolat, c’est perdre la richesse qui vient avec l’engagement et le don de soi.
Déchirant dilemme.
Il avait bien raison, le père Shakespeare, de dire « You’re damned if you, you’re damned if you don’t. »