dimanche 18 avril 2010

Quoi de plus beau qu’un homme (ou une femme) révoltée?


Ces derniers jours, les médias nous ont servi plusieurs beaux témoignages sur Michel Chartrand.

Mais c’est celui de Gil Courtemanche, dans LeDevoir de samedi, qui m’a le plus hameçonné.

« L'homme révolté, pour parvenir à l'équilibre sur la corde raide de la critique permanente, doit croire profondément au bonheur et à la beauté des choses. C'est parce qu'il est profondément inspiré par la beauté et le bonheur qu'il en fait sa revendication incessante. Tels étaient Camus, Éluard, Ferré et, pour moi, près de moi, en moi, l'homme dont la rencontre fut la plus déterminante pour le reste de ma vie, Michel Chartrand, notre homme révolté, mon homme révolté. (…)

« Mauvais catholique mais chrétien exemplaire et convaincu, Michel incarnait ces valeurs: la générosité, la recherche de la justice, le partage, la solidarité humaine et, surtout, l'obligation sacrée de ne pas pratiquer l'indifférence et de travailler sans cesse à la possibilité du bonheur et de la beauté."

J’ai découpé la chronique de Courtemanche pour l’épingler sur mon babillard. En me disant: « C’est comme ça que je veux vivre ma vie. »

Ouais.
Mais il y tout un monde entre la théorie et la pratique.
Autant on peut croire dur comme fer à l’importance de s’engager, autant on peut avoir envie de ne pas s’engager…

L’ironie, c’est que cette semaine, on est justement venu solliciter mon temps et mon énergie pour que je m’implique dans un organisme à but non lucratif. La cause est valable et me tient grandement à cœur.
Mon premier réflexe est pourtant de dire NON! NON! NON!
Et de me sauver à toute vitesse!

Oui, je veux donner (et redonner), contribuer à ma communauté, mais sapristi, je n’ai pas déjà pas assez de TEMPS pour accomplir tout ce que j’ai envie de faire. Une journée de 24 heures, c’est cruellement court. Et je n’ai jamais assez de TEMPS pour arriver à tout cocher sur mes listes qui sans cesse s’allongent et se regénèrent… Et bien sûr, je n’ai jamais assez de TEMPS pour écrire tout ce que j’ai envie d’écrire.

Même si écrire, c’est une façon d'aller vers les autres, de partager, de transmettre des valeurs, la création reste un acte essentiellement égoïste… étroitement lié à l’égo.
Dire oui au bénévolat, c’est perdre un temps précieux que je veux donner à l’écriture.
Dire non au bénévolat, c’est perdre la richesse qui vient avec l’engagement et le don de soi.
Déchirant dilemme.
Il avait bien raison, le père Shakespeare, de dire « You’re damned if you, you’re damned if you don’t. »

7 commentaires:

  1. À regarder le chemin des autres, il est un temps où on se dit qu'en l'empruntant, on trouvera le nôtre. Au mieux, on a suivi un guide, au pire, on s'est perdue de vue.

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  2. Un beau billet, Andrée! Mais, tu sais, on ne peut pas être tous et toutes des Chartrand! Et la création, il faut que tu continues à lui faire sa place dans ta vie. Car personne d'autre que toi n'en fera...

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  3. Claude,
    Vous êtes bien philosophe aujourd'hui...

    Andrée-Anne,
    Je sais, je sais, on n'a pas tous l'étoffe d'un Michel Chartrand... Mais même si je faisais un dixième de ce qu'il a fait pour les autres, ça ne serait déjà pas si mal... et je me sentirais un "tit peu utile...

    Andrée

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  4. Très chère soeur,

    Tu cite bien mais t'as pas encore compris! Le bonheur et la beauté avant tout, le reste découle de ça. Si tu n'as pas le goût de t'engager dans une telle cause, fait autre chose sans te sentir coupable! A mon humble avis, tant que tu fais de belles choses tu ne peux pas te tromper!

    Et puis, si tu es pour être damnée, autant profiter des belles et bonnes choses qui te touchent...

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  5. Cet équilibre n'est pas facile à atteindre. S'il pouvait y avoir une jauge ! En fait, ne serait-ce des milles contraintes alimentaires, j'aurais aimé être une bénévole à temps plein !

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  6. Ah Venise!
    Tout à fait d'accord avec toi,
    Bénévole à temps plein, ce serait la belle vie!
    Avec du temps pour écrire aussi - bénévolement - sans se soucier aucunement des ventes ou du reste...
    Andrée

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  7. Je n'ai l'âme ni bénévole ni combattante. Philosophe oui. Ben bonne pour la théorie!
    Admire par contre les personnes bénévoles et porte-étendard de grandes causes humanitaires.

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