mardi 20 avril 2010
Quand un livre est si bon qu'il nous gâche la lecture du suivant...
Charité bien ordonnée, Marina Endicott, Boréal. 496 pages
Les livres forts, les incontournables, ceux qui vous prennent-à-la-gorge, les livres appelés-à-devenir-des-classiques, ceux-là nous gâchent ensuite la lecture des pauvres livres qui ont le malheur de suivre après. Car on peut rester longtemps imprégné d’un bon livre. Quand il m’arrive de lire un de ces livres phares, je ne veux plus quitter l’auteur, ni son histoire, ni ses personnages. Et j’en veux parfois à l'infortuné auteur qui suit de ne pas avoir créé un univers qui ressemble à celui que je viens de quitter. (Je sais, je sais, c’est illogique et injuste mais je n’y peux rien.)
Charité bien ordonnée, de Marina Endicott est justement l’un de ces livres qui a squatté dans mon cerveau longtemps après que je l’ai eu refermé. Je l’ai lu en anglais il y a un an et je viens de lire la traduction avec un plaisir tout aussi vif. En me délectant tout autant. J’en ai parlé ce samedi, dans ma chronique aux Divines Tentations.
Deuxième roman d’une auteure qui vit en Alberta, Charité bien ordonnée présente la parabole du bon Samaritain adaptée à la sauce canadienne et contemporaine.
Clara, une célibataire professionnelle dans la jeune quarantaine se retrouve du jour au lendemain avec une nouvelle famille sur les bras : une mère atteinte du cancer, ses trois enfants de moins de 10 ans et une veille grand-mère chipie et grognonne. Dans un geste de belle et folle générosité, Clara ouvre sa maison à ces purs inconnus.
On suit Clara dans cette aventure où elle connaît des moments de bonheur sublime avec les enfants ainsi que des moments de découragement total. Pas de hauts faits, pas de scandales sexuels, de poursuite d’autos ou de meurtres en série dans cette histoire réaliste. Non, l’auteure nous présente plutôt la routine parfois drabe, parfois lumineuse, de gens ordinaires. Mais bon dieu qu’elle excelle Marina Endicott à dépeindre ces petits riens du quotidien, les comiques et les tragiques.
Tous ses personnages ont des personnalités distinctes, très affirmées. Tous, chacun à leur façon, démontre un haut degré de vulnérabilité, ce qui les rend encore plus inoubliables.
En plus, Marina Endicott nous parle de générosité, de pauvreté, de solidarité, sans lourdeur aucune, sans jamais verser dans le prêchi-prêcha. Voilà donc un roman qui réussit ce rare exploit de nous prendre par l'esprit autant que par les émotions.
Un incontournable que je vous dis. Et vous seriez bien avisé de faire un détour pour mettre la main dessus.
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Si Biblio Outaouais peut remettre son système d'échange en marche... Je l'ajoute à ma liste de demandes.
RépondreEffacerOuch! Et moi qui vient tout juste de t'envoyer un manuscrit à lire (-;
RépondreEffacerConnais-tu le concours littéraire "Canada Reads" à la radio de CBC? Cette année, Good to a Fault, la version originale en anglais de Charité bien ordonné, était finaliste. J'ai donc beaucoup entendu parlé de ce livre et de ces personnages. C'est par contre le roman Nikolski (paru chez Québec Amérique en 2008, puis traduit en anglais en 2009) qui a gagné. Si le débat t'intéresse rends-toi ici http://www.cbc.ca/books/canadareads/books.html J'aime beaucoup cette formule de concours littéraire avec des débats publics. Bien plus intéressant selon moi des concours où l'on ne sait pas vraiment pourquoi un livre gagne et l'autre pas.
À Mireille: si vous aimez ce genre de concours, il y a aussi le pendant en français: le combat des livres à Radio-Canada. Cette année c'est L'énigme du retour qui a gagné.
RépondreEffacerhttp://www.radio-canada.ca/radio/christiane/combat2010/jour5.shtml
Merci Mireille pour l'info sur "Canada reads". J'étais au courant et j'ai sauvegardé le lien... s'agit seulement maintenant de trouver du temps pour écouter ça!
RépondreEffacerClaude,
Merci pour l'info sur le "Combat des livres" que je n'ai pas écouté cette année car les choix ne m'inspiraient guère (à part le Laferrière.)
Andrée