lundi 9 mai 2011

Écrire des livres caillou-dans-le-soulier…


Photo: Expecting words

En transit dans l’aéroport, en route vers un joyeux festival, je m’offre le luxe de lire les journaux en prenant mon temps. Et j’y trouve amplement de quoi méditer. Entre autres, cet excellent article d’Odile Tremblay (une des plumes les plus élégantes du Devoir) sur la présence de l’Afrique au Festival de Cannes. En moins d’une demi-page, elle laisse tomber plusieurs perles, qui me font sortir mon stylo pour mieux les noter. La critique nous explique que pour les Africains, remporter un prix à Cannes a un impact énorme. Et Odile Tremblay d’écrire : « La fierté est aussi importante que le pain. »

Toujours au sujet du Festival de Cannes, le Globe and Mail signale qu’un des films à surveiller sera le tout récent Lars Von Trier. Et le journaliste d’offrir cette citation du cinéaste danois : « Un film devrait être comme un caillou dans votre soulier. » À nouveau, je ressors mon stylo pour noter cet aphorisme. Et de m’exclamer mentalement: « Oui, oui, moi itou! Moi itou! » C’est des livres comme ça que je veux écrire. Des histoires qui dérangent. Qui secouent. Des livres caillou-dans-le-soulier.

Des livres qui parlent des millions d’enfants que la malaria tue à chaque année, des petites Afghanes qui n’ouvriront jamais un livre, du gamin qui vit et travaille dans un dépotoir de Calcutta… Ces histoires de vie m’attirent et j’ai envie de les transformer en romans que les jeunes auraient envie de lire.

Ouais.
Ça tombe mal
Très mal.
Parce que ces histoires intéressent peu de gens. Ce genre d'histoire est rarement l'étoffe de "best-seller". Comme le disait au Devoir la journaliste Azeb Wolde-Giorghis, qui a couvert le mariage royal: «On était 8000 journalistes pour ces noces-là; mais pour l'Afrique, il n'y a jamais personne.»

Devant le manque d’intérêt du « grand public » pour ce qui me passionne, je me rends à l’évidence : je suis née à la mauvaise époque.
Mais… un instant.
Y a-t-il déjà eu une époque où les romans « caillou-dans-le-soulier » étaient populaires?

3 commentaires:

  1. Manquerait plus que tu te mettes à écrire pour être populaire. Allez! Mets des cailloux partout. C'est le devoir de ceux qui ont du talent.

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  2. C'est tu drôle, je m'essaierai quand même avoir cette fibre. Un livre allume quand il est écrit par un être allumé par ce qu'il écrit. Faut dire que je pense qu'il ne faut pas écrire pour le grand public, mais amener le grand public à ce qu'on écrit. Il y a une part d'idéalisation mais à ça aussi, je crois.

    Ne serait-ce que parce qu'un jeune idéaliste vaut deux jeunes qui ne le sont pas. Dans ma balance à moi !

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  3. Camille et Venise,
    Je vois que j'ai affaire à deux idéalistes. Merci de comprendre. Merci de me renvoyer à mes cailloux...

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