mardi 15 novembre 2011
Que sera sera
Publier un livre peut générer des attentes crève-cœur. Surtout au début. Un éditeur vient tout juste d’accepter notre manuscrit qu’on se voit déjà trôner au sommet de la liste des best-sellers, étrenner sa robe griffée à « Tout le monde en jase » et signer sur l’avant-bras des fans de la vitre baissée d’une limousine blanche…
Pour avoir navigué un peu dans ces eaux, je sais maintenant que pour survivre dans la jungle de l’édition, il faut savoir gérer ses attentes. Sinon, on s’effondre sous le poids de la déception. Ouaipe, ces fameuses attentes…
Seth Godin, gourou américain du marketing, publiait récemment un billet intéressant sur le paradoxe des attentes.
D’un côté, les attentes élevées mènent inévitablement au désappointement. Mais les attentes trop basses ne favorisent pas l’effort. Et Godin de dire : si on essayait plutôt de ne pas avoir d’attentes? En d’autres mots : on fournit un effort intense mais sans attendre rien en retour, en acceptant sereinement qu’on n’a pas de contrôle sur les retombées de notre effort. Pas très sexy, concède Godin, mais cette forme de discipline pourrait bien être ce qui distingue les amateurs des professionnels.
Donc, si je résume : écrire pour le pur plaisir d’écrire et ne pas attendre sa satisfaction de l’Après (c’est-à-dire la publication, les ventes et tout ce qui s’ensuit).
Donner le meilleur de soi-même dans l’écriture et se dire pour la suite: advienne que pourra.
À la Grâce de Dieu.
Inch'Allah.
Que sera sera.
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C'est ça la vie
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On passe tous par là. Mais chaque fois pourtant, il y a un petit démon, celui de l'envie ou de l'orgueil ou tous les péchés capitaux à la fois, qui revient nous piquer de ses vilaines griffes infernales. Comme en amour, il faut probablement se sortir de ce modèle.
RépondreEffacerD'autres facteurs se chargent de nous ramener à la réalité aussi parce que même après Tout le monde en jase, il y aura d'autres attentes gourmandes, insatiables.
«On passe tous par là»? Euh... non. Il y a des auteurs qui sont lucides/réalistes dès le départ.
RépondreEffacerJe pense qu'on peut appliquer cette vision à toute la vie, que ce soit au travail ou dans la vie quotidienne, que l'on soit auteur ou non. Je pense que lorsqu'on souhaite faire les choses pour les autres (souhaiter la renommée, ou être reconnu, c'est un peu ça) on est forcément déçu. Si on le fait pour nous-même, les choses prennent tout de suite un autre angle...
RépondreEffacer@ Daniel : Oui, et c'est tant mieux. Eux, quand ils décident d'écrire, ils savent dans quoi ils s'embarquent et ne se font pas d'illusions.
RépondreEffacer@ Allie : Je suis tout à fait d'accord avec toi. Les attentes sont des chimères à quoi on s'accroche éperduement. Pourquoi ne pas simplement vivre l'instant présent ? Écrire pour soi, oui, mais sans oublier que le texte produit est là pour un lecteur précis dont on ignore l'identité. Pourquoi ne pas simplement écrire par amour pour Dieu, comme le faisait Beethoven à la fin de sa vie, quand sa musique ne rejoignait plus les gens de son époque ?
Ce n'est pas ça, le fameux lâcher-prise?
RépondreEffacerOui, oui ! Et ne pas compter sur la Grâce de Dieu non plus. Exercice de maître à la manière Matthieu Ricard.
RépondreEffacerClaude: je crois que l'être humain ne pourra jamais éliminer complètement les attentes...
RépondreEffacerDaniel: dans toute ta lucidité, t'avais même pas quelques minuscules attentes?
Annie: merci de m'en apprendre sur Beethoven.
Julie: t'y arrives, toi, à lâcher prise?
Venise: va falloir que j'aille "googler" Matthieu Ricard...
Y arriver? Ça dépend des sphères... Mais la réponse courte: Pas encore, mais j'y travaille.
RépondreEffacerQuand je n'aurai plus d'attentes, je serai morte et c'est tant mieux....
RépondreEffacerPOPO