Au premier
coup d’œil, j’ai éclaté de rire.
Et je vous
jure, c’était un rire spontané.
Un rire
tout à fait pur.
Au deuxième
coup d’œil, j’ai eu un petit rire jaune.
Après mûre
réflexion, je me suis demandé pourquoi je riais.
Cette photo
ci-haut, ce sont mes livres, dans les toilettes chez ma sœur.
Pétrie de
bonnes intentions, ma sœur a très gentiment monté ce bel étalage de mes livres...
Mais… moi…
euh… ben… tsé… je ne sais trop quoi en penser…
Mes livres,
dans cette pièce?
Cette pièce
où les gens pètent.
Cette pièce
où l’on vide vessie et intestin.
Cette pièce
où l’on fait caca!
Mes livres en
montre dans les chiottes…
Insulte ou
compliment?
Affront à
la littérature ou judicieuse invitation à la lecture?
Manque de
respect pour une « œuvre » ou astucieuse stratégie de marketing?
Comme les
auteurs jeunesse ont tendance à être susceptibles (notre littérature ayant
rarement la RECONNAISSANCE qui lui est due…) je me suis posé la question in petto :
est-ce que parce que ce sont des livres pour les jeunes qu’on ose les étaler ainsi
dans un lieu d’aisance?
Ma sœur (dont
j’adore la candeur) de me répondre, très pragmatique: « C’est pour qu’on te lise. À quoi ça sert de laisser tes livres sur une
tablette où les gens ne les verront pas? »
Mais…
euh…ben… tsé… c’est que quand on parle des romans de gare, l’expression très
péjorative désigne une littérature superficielle.
Même chose pour la musique d’ascenseur.
Même chose pour la musique d’ascenseur.
Et mon
esprit tordu de penser tout bas : les livres en latrine, est-ce de la
littérature de merde?
Est-ce à
dire que l’endroit où on lit a un lien direct avec la qualité de ce qu’on lit?
Le livre lu
au sommet de Machu Picchu ou dans une cathédrale, est-il meilleur qu’un livre
lu à la bécosse?
Le livre lu
dans les latrines sera-t-il davantage apprécié que s’il était lu dans la
sublime bibliothèque du Vatican?
Je ne sais pas.
En voyant
mes livres dans les chiottes…
Au premier
coup d’œil, j’ai éclaté de rire.
Au deuxième
coup d’œil, j’ai ri jaune.
Après s’est
pointé le questionnement, ce petit pincement de doute, signe indéniable de l’insécurité
de l’auteure...
Après mûre
réflexion, je reviens à ma première impulsion.
Je choisis
d’en rire.
Merci à mon
beauf, Roy, pour la photo.
Moi, je trouve la réflexion de ta soeur très brillante! La littérature jeunesse accessible pour TOUS! Au-delà des frontières des enfants et des gens qui gravitent autour des enfants. Accessible aux gens qui, a priori, n'ont pas encore découvert (ou ont oublié!) le plaisir que procure les albums jeunesse.
RépondreEffacer(Et ça change des Reader's Digest)
Sur le coup, j'ai eu les mêmes réactions que toi - rire, puis trouble. Mais avec un peu de recul, je me dis que ce n'est pas un mauvais endroit pour des livres jeunesse. De un, un album se lit rapidement. En quelques minutes à peine. Durée d'une visite aux toilettes - quelques minutes à peine. Puis, certains adultes seraient gênés de lire un album jeunesse de leur propre chef. Mais à la salle de bain, la porte est verrouillée et on peut lire ce qui nous plaît sans avoir à subir le jugement des autres.
RépondreEffacerNos livres chiottes? C'est toujours mieux que nos livres à la poubelle. ;-)
Ça y est, je remplace tes livres par des vieux Chatelaines, ou encore pire, les "Réveillez-vous" des Témoins de Jéhovah! Les gens resteront beaucoup moins longtemps dans mes chiottes! Tes livres iront ramasser la poussières dans ma bibliothèque. Hé puis NON! Je te ferai un présentoir en or massif, que je garderai toujours dans mes chiottes, ça te convient mieux? Moi, mon objectif est de démontrer ma fierté envers ma soeur pour que tous admirent tes livres! XXX
RépondreEffacerJulie: oui, oui, tout sauf les Reader's Digest. Pus capable!
RépondreEffacerMireille: très intéressant ta réflexion sur les adultes qui seraient gênés de lire un album... pertinent aussi. De la matière pour un autre billet de blogue..
Martine: laisse tomber l'or massif. Et surtout, surtout, ne remplace pas mes albums par la prose lavage-de-cerveau des Témoins de Jéhovah... Déjà que c'est tout ce qu'on peut lire dans les w.c. de notre Popo nationale...
Les toilettes, tout comme les lits, sont les lieux par excellence de l'intimité. Pas étonnant alors qu'on s'y précipite pour y exercer le plaisir solitaire de la lecture ! C'est l'auteur qui n'est pas lu dans les toilettes qui devrait s'inquiéter de son sort...
RépondreEffacerAgnès G.
Chère Agnès,
RépondreEffacerComme c'est bien pensé! Et bien tourné! Ça me donne envie d'aller passer du temps aux toilettes...