mercredi 11 février 2015

Quand le froid fait peur…



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- Vous n’allez pas sortir ce matin? m’a demandé, incrédule, un des résidents du bloc appartement, qui sortait au même moment que moi.

- Vous n’allez pas marcher jusqu’au Monument des pilotes ce matin? m’a demandé la caissière du dépanneur. Elle avait le ton légèrement impatient de celle qui pense « V'là encore une touriste imprudente du Sud qui ne connaît rien au Grand Nord…)

- Sortir par un temps comme ça, c’est prendre le risque de se geler les extrémités, sans s’en rendre compte, m’avait prévenue une enseignante.

Pour la première fois de ma vie, le froid m’est apparu comme un ennemi.
Pour la première fois de ma vie, le froid m’a fait peur.

J’ai marché un bloc. Puis deux.
J’ai tergiversé.
Je continue ou je retourne au chaud?
Je suis hardie? Ou poltronne?

Ce matin-là, à Yellowknife, il faisait - 25 (-39 avec le facteur vent).
Le froid faisait coller mes narines.
J’avais du frimas sur les cils.

Mais j’avais des pantalons de neige qui m’obligeaient à marcher jambes arquées, comme un cowboy du Far West.
Mais j’avais des bottes très chaudes et très lourdes, à rendre un astronaute jaloux.
Mais j’avais une parka Canada Goose, tout aussi chaude et tout aussi lourde. Avec un briquet et un rouge à lèvres dans la poche de la parka. (Prévenante Nataly…)
Bref, je n’avais pas d’excuse.
Pas de raison de faire la poltronne.
J’ai donc continué, à pas de pingouin, sur l’avenue Franklin.



J’ai bravé le Froid, avec mes narines collées et mes cils blanchis.
J’ai marché 2,5 kilomètres.
Avec la neige crissant sous mes pas.
Avec le vent brutal qui s’infiltrait sous mon cache-nez. L'insolent.
Pas un chat dans la rue, à part quelques corbeaux patibulaires.

J’ai monté en ahanant (lourdes, mes bottes d’astronaute…) la colline qui menait au Monument des pilotes.
J’avais les narines collées.
Et du frimas sur les cils.
Et le Grand lac des Esclaves (neuvième plus grand lac au monde) à mes pieds. 
      
      Une fois en haut, j’ai eu envie d’un drapeau à planter.
Victoire!
Poltronne, je ne suis pas!
J’avais les lèvres gelées et le sourire croche.
J’avais aussi de la Joie.

J’ai fait un pied de nez au Froid.
Puis je suis retournée au Chaud. 

2 commentaires:

  1. On est pas loin de la chanson avec son refrain "les narines collées, du frimas sur les sourcils". J'aime l'idée finale de planter un drapeau. J'ai déjà habité Chibougamau, deux ans. Tu m'as rappelé à ces souvenirs de mes marches d'astronaute polaire.

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  2. Un beau selfie de toi, mon amie!

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