lundi 1 juin 2015

Encadrer la touche « delete » et l’accrocher au mur


L'illustrateur Jacques Goldstyn

Voici les rognures de gomme à effacer de l’illustrateur Jacques Goldstyn. Comme il expliquait à ses lecteurs au récent Salon du livre de Québec, son précieux pot renferme les résidus d’une année de travail.

Je suis fascinée par le pot de Jacques. Un peu envieuse aussi. Je voudrais pouvoir contempler le résultat concret de mon travail de révision. Ressentir cette rassurante satisfaction devant le boulot accompli.

Puisque j’écris désormais tous les mes livres à l’ordi, je n’ai aucun mémento de mes efforts de création, de mes balbutiements ou ratages. Toutes mes ratures, bavures, biffures, effaçures et réécritures sont perdues dans le néant. J’ai sué et angoissé sur d’innombrables brouillons, mais il n’en reste plus aucune empreinte…

En plus d’être une relique évocatrice, les rognures de gomme à effacer (dixit les révisions) constituent un rappel important : celui de ne pas couper les coins ronds. Rappel que les bons livres ne s’écrivent pas en claquant des doigts. Rappel de l’importance de réviser, réviser, réviser jusqu’à plus-capable. Rappel que l’art (le vrai, l’original, celui qui dure) se crée à force de temps et de travail acharné.

De mes interminables, tortueuses et parfois éprouvantes réécritures, la seule trace qui reste, c’est une touche très usée sur mon clavier. La touche « delete », où les lettres sont presque complètement effacées.

La prochain fois que je remplace mon vieux clavier, je vais garder la touche « delete », l’encadrer et l’accrocher au mur de mon bureau.

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