Jacques Goldstyn a été couronné cette semaine du prestigieux Prix TD pour son album L'arbragan.
Mais il publie cet automne un autre album, tout aussi fantasformidable, qui risque fort de remporter aussi des prix. Azadah est un album d'une qualité telle qu'il susciter, je suis prête à le parier, des coups de foudre livresques autant chez les enfants que chez les adultes.
Je vous l’avoue franchement, après avoir lu votre album Le prisonnier sans frontières, je me suis dit: c’est son Grand Livre. Son album le plus fort. Goldstyn ne pourra pas faire mieux. Impossible. Mais – oh joie! – je me suis trompée! Voilà que vous débarquez avec un nouvel album, tout aussi (sinon plus…) puissant! Incroyable, mais vrai.
Cher Jacques Goldstyn, votre Azadah m’a fait l’objet d’un coup de poing au plexus. Tant de beauté, tant de violence, tant de simplicité et tant de nuances, vraiment, je ne sais pas comment vous faites.
Il y a tellement d’éloges à faire sur votre album que je ne sais trop par où commencer. Commençons par l’Afghanistan. Parce que là, vraiment, chapeau, Jacques Goldstyn. Des livres jeunesse qui traitent de l’Afghanistan, on les compte sur les doigts d’une main. Ce petit pays d’Asie centrale (l’un des plus pauvres au monde) aux prises avec une effroyable guerre civile, c’est avant tout par vos illustrations qu’on le découvre. À commencer par les magnifiques pages de garde de l’album, offrant à voir un paysage de montagnes et de vastes étendues désertiques. Par vos délicates illustrations, créées à l’encre de Chine, aux crayons de bois et à l’aquarelle, on découvre la vie quotidienne en Afghanistan: les écoles détruites par les bombes, les soldats armés dans les rues, la femme en burqa qui vend ses légumes, la montagne de souliers devant la mosquée à l’heure de la prière, les enfants qui jouent dans une carcasse calcinée de voiture, etc.
Outre cette fenêtre ouverte sur un pays exotique et lointain, vous nous offrez ici, Jacques Goldstyn, une nouvelle amie. Oui, oui, dès les premières pages du livre, on se prend d’affection pour Azadah. Cette fillette a des rêves, un vif appétit de vivre et une telle force de caractère qu’on a envie de la connaître « pour de vrai ». Prisonnière de son pays et de sa culture, cette petite Afghane voudrait pouvoir faire des choses « normales » : aller à l’école, rouler à vélo, lire des livres, voyager, avoir plus tard un métier, etc. Heureusement, Azadah s’est fait une amie, une photographe nommée Anja. Cette étrangère lui donnera les outils pour que la fillette trouve elle-même la solution à son problème. Grâce à son cran et son ingéniosité, Azadah s’envolera vers la liberté…
Nous avons donc ici une héroïne inoubliable, une histoire prenante, plantée dans un cadre aussi original que fascinant. Mais ce qui m’a ébranlée dans votre album, monsieur Goldstyn, c’est son aspect documentaire, qu’on n’avait pas du tout vu venir. La surprise finale n’en est que plus bouleversante. Cette Anja, amie d’Azadah, n’est pas un personnage fictif, mais bien une photojournaliste allemande qui a reçu en 2005 le prix Pulitzer et le Prix Courage de l’International Women Media Foundation. Cet album est un hommage à Anja Niedringhaus, assassinée en Afghanistan en 2014.
En cette époque tumultueuse et tourmentée, où les bombes pleuvent, où les réfugiés se chiffrent par dizaines de millions et où des sociétés s’entredéchirent au nom de la religion, des albums comme Azadah sont d’une grande pertinence sociale. Les enfants ont besoin de livres qui les aideront à mieux comprendre le tumulte du monde qui les entoure. Captivant sur le plan narratif, riche d’informations, visuellement somptueux, cet album est de ceux qui peuvent être lus et relus, avec de nouvelles découvertes à chaque lecture.
Cher Jacques Goldstyn, votre album frappe fort, car il éblouit, attendrit et nourrit tout à la fois. Merci de nous faire découvrir avec autant de doigté une actualité négligée par les grands médias… Surtout, surtout, merci de mettre votre immense talent d’illustrateur et de conteur au service de « causes »… Je souhaite ardemment que les projecteurs du milieu littéraire se braquent sur Azadah, afin que votre livre reçoive toute l’attention qu’il mérite.
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