mercredi 8 juin 2022

Jean-Claude Alphen: les erreurs font partie du travail de création

 

Éditions d'Eux, 2022


À quoi ressemble votre processus de création?
La spontanéité du trait est fondamentale. Je laisse la plupart des fois le dessin comme je l’ai fait au premier moment. Je fais très peu de croquis. Les erreurs font partie de mon travail de création. Oui, les recherches sont importantes. Je me suis trompé dans ce travail sur la position des mains sur les instruments et Andrée me l’a fait savoir. Elle m’a envoyé des photos et j’ai corrigé cela tout de suite. C’est important de faire valoir le bon partenariat avec l’auteur du livre et l´éditeur. Illustrer un livre, c'est une quête, un processus qui ne s'achève pas, tant que nous sommes ici. C'est vraiment un exercice très dur d'humilité. Toujours! 

Quelle technique avez-vous utilisée pour illustrer Comment faire dormir Papa? 
Je dessine toujours au crayon, la couleur est faite par ordinateur. Mais le digital est seulement un outil. 

Quels ont été vos défis pour illustrer Comment faire dormir papa?
Je voulais transmettre la part dramatique de l’histoire sans que pour cela les dessins soient sombres. Comme j’ai senti tout de suite l’humour fin du texte, j’ai essayé d’inscrire cela dans mon travail. C’est toujours une recherche d’équilibre délicat quand le texte travaille aussi la douleur et la tristesse.  L’humour est essentiel dans les livres pour enfants. J’aime l'humour fin et sérieux. Utiliser l’humour pour aborder des thèmes sérieux pour les enfants, c’est la meilleure manière de les émouvoir.

Jean-Claude Alphen, illustrateur
  
Comment est-ce que vous choisissez vos couleurs?
Cela dépend du livre, j’ai des livres sans aucune couleur et d´autres qui sont flamboyants. Pour Comment faire dormir Papa, j´ai choisi des couleurs plus tendres, moins fauves, car le texte devait être privilégié tout d’abord. Le travail d’un livre est un partenariat où il faut savoir être discret quelquefois. Cette fois-ci je pensais que je devais travailler beaucoup plus l’atmosphère à des rebondissements de l’histoire. La plupart du temps, je travaille avec des couches de couleurs qui se confondent.

Vous jouez beaucoup avec les ombres et la lumière dans vos illustrations. Est-ce important pour donner un certain « ton » dans une illustration?
C´est absolument essentiel. Il faut beaucoup d’années de travail pour pouvoir illustrer ce qui nous vient à la tête quand nous lisons un texte. Je suis encore à la recherche de cela. C’est justement ce que j´ai pensé en lisant Comment faire dormir Papa, il fallait beaucoup d’ambiance pour les dessins. Il fallait que la tristesse soit représentée, la douleur de l’enfant et du père. La joie aussi et l’humour. Il y a beaucoup de sentiments en conflit dans ce texte et j’ai essayé de traduire cela avec ce jeu d’ombre et de lumière.

Quelle est votre illustration préférée dans Comment faire dormir papa?
C’est celle où le père parvient à dormir. On ne sait jamais pourquoi on aime plus un dessin…C’est peut-être parce qu’il est plus réussi que les autres. Qu’il sort de notre tête et parvient sur le papier de la manière pensée au préalable.



Qui sont les artistes ou illustrateurs qui vous influencent?
J´aime beaucoup Jutta Bauer et Sempé. Ce sont des dessinateurs qui privilégient le trait et la spontanéité avant toute autre chose. De Jutta Bauer, L’ange de grand-père est le livre pour enfant que je considère comme le plus réussi.

Vous avez illustré plus de 100 livres. Comme artiste, avez-vous un rêve non réalisé?
C´est à peu près cela, après plus de 100 livres, on ne les compte plus. Oui, j´aimerais illustrer ma version personnelle du Seigneur des anneaux de Tolkien, mais j’aurais plus de 80 ans quand le livre sera disponible pour la publication. Il faudrait alors que je m’y mette et que je sois vivant jusque-là. C’est vraiment un rêve non réalisé et très compliqué d´exaucer.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire