lundi 12 juin 2023

De l’importance de rester à la fois pie et papillon

Me voilà en belle compagnie, avec Claudette Commanda,
première chancelière autochtone de l’Université d’Ottawa
,
le re
cteur Jacques Frémont
et Richard Barwell, doyen de la Faculté d’éducation.

 
Discours prononcé le 10 juin 2023 à la Collation des grades 
de la Faculté d'éducation, à l'Université d'Ottawa.

Vidéo du discours ici:
Mon allocution à partir de 1h54 minutes


Chers diplômés,

Tout d’abord, bravo, bravo, bravissimo pour votre graduation! Ce diplôme que vous tenez entre les mains, c’est beaucoup plus qu’un morceau de papier. C’est des années d’efforts, de sueurs, de nuits blanches, de crises de larmes ou de fous rires. Aujourd’hui, prenez toutes les fleurs et tout le champagne qu’on va vous offrir. Vous le méritez!


As a Franco-Ontarian and a graduate of Ottawa University, it's with great emotion that I'm here today, to accept an honorary doctorate. I still can't believe it. I’m deeply grateful to the Faculty of Education for this incredible honor.


Je pense qu’une des raisons pour laquelle on me remet ce doctorat, c’est parce que je suis à la fois une pie et un papillon. Aujourd’hui, je vais vous encourager à devenir, vous aussi, pie et papillon.


Une pie, c’est un oiseau très curieux, qui veut tout savoir. C’est parce que je suis curieuse comme une pie que j’ai d’abord été journaliste. Dans ma vingtaine, au journal Le Droit, j’ai fait un peu de tout. J’ai couvert des procès, des accidents et des chiens écrasés. Puis un jour, j’ai eu une bourse pour faire une série de reportages en Inde. J’ai traversé l’océan en me disant, il faut absolument que j’aille interviewer Mère Térésa, une missionnaire qui a gagné le prix Nobel de la paix. Malheureusement, mère Térésa n’était pas disponible. Alors je suis allée faire du bénévolat dans le mouroir fondé par Mère Térésa, à Calcutta. Ça été une des expériences les plus marquantes de ma vie.



My experience in Calcutta got me interested in international cooperation. I was young and naïve and I wanted to "save the world". That's how I chose Ottawa U, to do a graduate degree in international development.


For the next fifteen years, I worked and travelled in Haiti, Tajikistan and many African countries. Of course, I didn't save the world, but I learned humility. I discovered other cultures and learned something about the life of a farmer in Mali and the challenges of girls in India. And I said to myself: I've got to tell kids in Canada how kids live in developing countries. And that's why I became a children’s book author.


Dans les 20 dernières années, j’ai publié une soixantaine de livres. Comme je suis une pie curieuse, chaque nouveau projet d’écriture est porté par la même question : pourquoi? J’ai écrit sur les réfugiés, la guerre, le travail des enfants, la pollution plastique, l’homophobie et même un livre sur pourquoi le père Noël est allergique au ménage. Toutes mes actions, tous mes choix sont bâtis autour de mon désir d’apprendre et de comprendre.


Vous êtes ici aujourd’hui parce que vous avez terminé vos études. Comme vous le savez, l’apprentissage ne se limite pas à une salle de classe ou à un manuel scolaire. Ce qui rend la vie excitante, c’est justement qu’on apprend tout le temps. Je vous souhaite donc de préserver votre curiosité intellectuelle, car c’est un moteur qui nous fait progresser. S’intéresser aux autres, poser des questions, s’ouvrir à l’inconnu, ça remplit notre vie de découvertes et d’émerveillements. Apprendre, ça permet d’élargir nos horizons et de partir en voyage sans même prendre l’avion. 


Bon, je vous ai parlé de la curiosité de la pie, mais je suis aussi papillon. Comme vous savez, le papillon vole d’une fleur à l’autre, en constante exploration. Moi j’ai papillonné et j’ai eu 3 carrières : journaliste, gestionnaire en coopération et auteure. Vous êtes à l’aube de votre carrière. Alors voici mon petit conseil (non sollicité) : osez papillonner. Prenez un emploi, explorez un domaine et si ça ne vous plait pas, changez de direction. N’ayez pas peur de faire des virages à 180 degrés si vous en avez envie.


Comme je suis une auteure, je vais prendre 30 secondes pour vous parler de lecture. Vous avez lu beaucoup pendant vos études. Des lectures obligatoires. Peut-être qu’en ce moment, vous n’avez plus envie d’ouvrir un seul livre. Je vous comprends. Mais, je vous encourage à faire de la place à la lecture dans votre vie. Lire, c’est bon pour le cerveau, bon pour la concentration, bon pour le moral, pour relaxer, pour découvrir des idées nouvelles et apprendre à se connaître. Lisez aussi pour brasser les émotions : rire, pleurer, s’émerveiller ou s’indigner. Prenez une pause des écrans et des médias sociaux. Offrez vous un fabuleux cadeau : un moment de lecture pour vous recentrer et vous ressourcer. 

 

Je termine en vous souhaitant beaucoup de stimulation et de joie dans vos projets. Surtout, je vous souhaite d’être à la fois comme la pie et le papillon.

Merci.


vendredi 31 mars 2023

Lire des livres joyeux à 99 ans

 


Ma mère m’appelle et me dit : "Nini n’a plus rien à lire!"
Nini est sa grande amie, qui habite désormais dans une autre ville.
Nini a 99 ans et aime beaucoup lire.
Ma maman a 87 ans et aime beaucoup faire plaisir.
Elle me demande donc de commander en ligne quelques bouquins et de les faire livrer chez son amie. "Des livres joyeux", précise ma mère.

À 87 ans, j’espère que je m'occuperai aussi bien de mes amies.
À 99 ans, j’espère que je lirai encore des livres joyeux.

L'illustration de la main et du livre a été créée avec DALL-E, un programme d’intelligence artificielle.

mercredi 8 mars 2023

Comment créer un peuple de lecteurs


Devenir un « peuple de lecteurs ». Voilà l’ambition de la France.
Le gouvernement organise donc ce vendredi 10 mars 2023 un quart d’heure de lecture, dans tout le pays. Cette initiative veut encourager les lecteurs occasionnels, habituels ou inconditionnels à mettre la lecture au cœur du quotidien. 

L’approche est simple : 15 minutes de lecture individuelle ou collective, au lit, au salon, au travail, à l’école, dans l’autobus, au parc, au téléphone ou en live sur les réseaux sociaux. Les élus proposeront aussi des lectures dans les quartiers. 

Voilà une initiative qui fait rêver.  Une initiative qu'on pourrait joyeusement copier dans nos terres. Cher premier ministre Justin Trudeau, cher premier ministre François Legault, chère mairesse France Bélisle, est-ce qu’on peut nous aussi avoir notre moment collectif de lecture?

mercredi 1 mars 2023

Joies et frustrations au Salon du livre 2023


Table ronde sur la lecture avec Steven Brabant, président du C.A. de la Table Éducation Outaouais et Isabelle Miron, conseillère municipale et présidente de la Commission des arts et de la culture de Gatineau et Sylvie Marcoux, autrice et directrice du Salon du livre du Saguenay


Souvenirs de mon Salon du livre de l'Outaouais 2023:

• Émue (et désolée par cette absurdité) de voir tant d’enseignantes acheter des livres pour leur classe avec leur propre argent.
• Ravie de recevoir un signet fait main par Jolyanne, une jeune lectrice de 7 ans.
• Contente d’avoir animée une table ronde sur la lecture et d’y entendre une conseillère municipale (Isabelle N. Miron) clamer haut et fort l’importance d’investir davantage dans la lecture.
• Enchantée de voir ma mère de 87 ans arpenter les allées de livres, les yeux brillants de joie et de curiosité.
• Penaude d’avoir donné un compliment à Patrick Senécal en pensant que je parlais à Stéphane Dompierre. L’auteur a ri de bon cœur de mon erreur. Fiou.
• Émue (et désolée par cette absurdité) de voir de futures enseignantes (finissantes à l’UQO) acheter DÉJÀ des livres avec leur propre argent…




jeudi 23 février 2023

Salon du livre de l'Outaouais : belle occasion pour faire le plein de bouquins


Vous avez une fringale de lecture? Ça tombe bien, le Salon du livre de l'Outaouais, c’est parti en grande, jusqu’à dimanche! Belle occasion pour faire le plein de bouquins. Et voir de plus près ces étranges bibittes qu’on appelle les écrivains. Si ça vous chante, venez me serrer la pince. Voici mon horaire :

Vendredi 24 février
- 9h à 9h50: éditions Isatis (stand 217)
- 10h : Animation scène Jacques-Poirier pour mon album On se tait s’il vous plait
- 10h30 à midi : éditions Québec Amérique (stand 104)

Samedi 25 févier 
• 9h à 10h : Participation à l’émission Les malins, avec Jhade Montpetit
• 10h à 11h : éditions Isatis (stand 217)
• 11h à midi : Valoriser la lecture - table ronde scène J-Poirier
• 13h à 14h : Éditions d’Eux (Dimédia) (stand 218)
• 14h à 15h : Éditions les 400 coups (stand 103)
• 15h à 16h : éditions Québec Amérique (stand 104)

Dimanche 26 février
• 9h à 10h : éditions Isatis (stand 217)
• 10h à 11h : éditions Québec Amérique (stand 104)
• 12h à 13h : Éditions d’Eux (Dimédia) (stand 218)

mercredi 25 janvier 2023

Audrey Malo, illustratrice de "On se tait s'il vous plaît!"


Audrey Malo est illustratrice de profession et enthousiaste de nature. Elle a étudié à l’Université Concordia en studio arts et en design graphique à l’UQAM.
 Elle a créé des illustrations pour de nombreux journaux : Le Devoir, The Globe and Mail, The New York Times, The Washington Post. Elle a aussi créé les affiches de la campagne de vaccination contre la Covid-19 chez les enfants de 5 à 11 ans. Audrey illustre de façon instinctive et imprévisible en mariant les formes organiques et géométriques, toujours avec une touche d’humour et de légèreté.


Quelle technique as-tu utilisée pour illustrer
On se tait s’il vous plait!
Tout a été tracé directement sur mon iPad, de l’esquisse à la coloration finale, en utilisant l’application Adobe Fresco.

À quoi ressemble ton processus de création?  Est-ce que tu fais beaucoup de recherches visuelles avant d’illustrer? Beaucoup de croquis?
Ça dépend toujours du type de projet, si j’ai beaucoup de temps pour le faire, si le client sait exactement ce qu’il veut ou non… Mais normalement, j’improvise beaucoup, sans faire de recherche ou de croquis avant. J’aime le résultat spontané et inattendu que ça produit! 

Quand je fais un album, je vais faire des esquisses de mise en page rapide, regarder avec l’éditeur ou l’éditrice si le rythme est convenable, puis tracer au propre tout de suite après et enchaîner avec la couleur. Je planifie la composition générale, mais je laisse mon intuition inventer les petits détails de chaque scène au fur et à mesure que je produis les pages.

Parallèlement, je suis plus dans la recherche quand je fais des illustrations personnelles, pour faire progresser ma démarche et chercher de nouvelles inspirations. Dans ce cas je regarde beaucoup d’images de références, autant anciennes que récentes, et je produis toutes sortes de croquis dans un carnet dans lequel je peux revenir plus tard pour utiliser dans d’autres projets. Je pense que cette recherche que je fais pour mon travail personnel influence mon travail professionnel et compense pour le peu de recherche que je fais dans celui-ci!

Comment est-ce que tu choisis tes couleurs? Ou comment te sers-tu de la couleur pour créer une atmosphère?
Il y a quelques années, j’ai établi une palette de couleur que j’aimais bien pour me donner des contraintes et aussi m’empêcher de passer trop de temps à hésiter sur quelle couleur utiliser. Le but était aussi de donner une sorte d’uniformité à mon travail d’une pièce à l’autre. Avec le temps, j’ai commencé à introduire d’autres teintes dans cette palette, mais c’est toujours en référence à la première. J’aime utiliser une couleur principale pour tracer mon travail, c’est-à-dire la couleur la plus foncée, et choisir des teintes qui contrastent bien avec elle selon les objectifs du projet.

Audrey, toute jeune, déjà en train de créer!

Quels ont été tes défis pour illustrer On se tait s’il vous plait!

Je crois que c’est le fait qu’il fallait garder le compte de tous les élèves de la classe et essayer de créer des compositions où chaque personnage allait revenir de temps à autre. Sinon, il fallait aussi trouver un moyen d’intégrer le visuel de l’histoire de Paf le panda pour que le lecteur soit intrigué lui aussi et veuille savoir comment se termine le livre que la professeure voulait lire. Je trouvais ça important pour le rythme visuel de l’album.


Quelle est ton illustration préférée dans On se tait s’il vous plait! et pour quelle raison?J’aime bien quand Paf le panda est caché dans une boîte, à côté d’une poubelle, et qu’il s’apprête à manger sa pizza et la scène où Madame Annie bouillonne de rage!


On se tait s’il vous plait! met en scène des élèves agités et turbulents. Quand tu étais petite, en classe, étais-tu une tannante ou écoutais-tu sagement?
J’étais plus du type sage! Je n’aimais pas les conflits ou me faire chicaner, et c’est toujours le cas.

Est-ce que tu qualifierais ton style de « vintage »? Si oui, pourquoi? Sinon, quel mot utiliserais-tu pour décrire ton style?
Je ne pense pas, mais ça m’intéresse de savoir si on le perçoit comme tel parce que mes inspirations sont vintage! Je crois que le rendu est plutôt contemporain, avec des formes géométriques et organiques qui cohabitent. Je ne sais pas trop comment le décrire plus simplement, mais j’aimerais bien qu’on me décrive mon style pour moi.

Est-ce que tu préfères illustrer des albums jeunesse ou faire du dessin éditorial pour les journaux et magazines?
J’aime les deux pour des raisons différentes. C’est bien d’avoir de la diversité dans mon travail, ça casse la routine. Mais je pense que pour être honnête, c’est plus facile pour moi de faire de l’éditorial parce que ce sont des projets super rapides dont on voit le résultat presque immédiatement. Avec les albums jeunesse, il faut travailler longtemps et très fort, en recréant toujours les mêmes personnages page après page. Ça travaille ma patience, mais c’est énormément gratifiant de voir le produit final!

En tant qu’artiste, as-tu un rêve non réalisé?
J’en ai encore beaucoup, comme de publier mon propre livre, créer une murale, ou travailler sur le branding d’un restaurant, entre autres.


Une anecdote que tu as envie de partager sur ton métier d’illustratrice?
Comme bien des illustrateurs, je travaille souvent couchée sur le divan! Quand je suis dans cette position, je n’en reviens pas que c’est mon métier, que la petite fille que j’étais trouverait ça plutôt drôle de me voir plus tard travailler ainsi avec autant de liberté. 

samedi 31 décembre 2022

Non, non, les résolutions pour la nouvelle année ne sont pas démodées!



Je sais, je sais, vous allez me dire que les résolutions sont démodées.
Oui, l’air du temps penche plus vers le défaitisme que l’optimisme.
Au risque de passer pour une idéaliste naïve, j’assume pleinement mon désir indécrottable de changer.
Alors à l’aube de 2023, je vous souhaite d’oser prendre une résolution, ou deux ou trois.
Se donner de l’élan pour s’améliorer, c’est s’envelopper d’espoir. 

Joyeuse 2023 à vous qui passez par ici pour me lire! 

Et voici mes résolutions pour la nouvelle année :
  • Écrire plus. Écrire mieux.
  • Cultiver mon indignation.
  • Écouter plus. Écouter mieux.
  • Me sevrer de Twitter.
  • M’empiffrer d’air frais.
  • Donner plus. Donner mieux.
  • Continuer de suivre la guerre en Ukraine.
  • Me remettre au piano.
  • Tourner le dos aux Aéros à la menthe.
  • Apprendre à ne rien faire.