vendredi 13 août 2010

D’où vient cet instinct de vouloir planter un drapeau?


Il faut environ une heure et quelques sueurs pour se rendre au haut du mont Zeus, d’où l’on voit toutes les îles des Cyclades. Au sommet, 1000 mètres, une petite boite de bois contient un cahier aux pages gonflées par l’humidité. La plus vieille signature date de 2009. Le cahier contient les clichés habituels (vaut le détour, merveilleux panorama… trop beau…) Ma fille rigole du commentaire humoristique laissé par une Américaine: «It’s beautiful but I thought we were going to the beach.»



Moi qui suis toujours la première à sauter sur le crayon, à vouloir écrire, décrire, relater, consigner, témoigner, blogger, je n’ai pourtant aucun désir de laisser ma griffe dans ce cahier de commentaires. Ceux qui m'accompagnent, oui. Ils signent et inscrivent la date de leur venue sur ces hauteurs. Et je me demande d’où vient cet instinct de l’humain de vouloir souligner son passage, de laisser sa marque, de planter un drapeau?

mercredi 11 août 2010

Un arbre, une plante ou une asperge géante?



(Photos Neale MacMillan)

Avec toutes ces heures que je passe (que je perds?) à me promener sur la Toile, vous pensez que j’aurais trouvé une réponse. Mais non. J’ai eu beau surfer, fureter, fouiner, googler, je n’ai pas trouvé le nom de cet arbre (cette plante?)



C’est qu’il m’intrigue cet arbre (cette plante?). J’aime sa taille efflanquée, sa façon fière et frondeuse de s’élever si haut dans le ciel si bleu. Je lui trouve un petit air fendant, effronté même. L’air de qui s’y frotte s’y pique. Il est peut-être un quelconque cousin du cactus, bien que ma fille l’ait baptisé l’asperge géante.



Je lance donc un appel à la blogosphère. Il doit bien avoir un plus futé ou un plus cultivé (puisqu’on parle d’horticulture) que moi qui pourrait me dire le nom de cet arbre (cette plante?)

mardi 10 août 2010

L’écrivain et le maçon : frères dans la création


Photos: Charlotte Poulin-MacMillan

J’ai parlé ici des œuvres d’art créées par la nature. Mais en Grèce, il y a aussi les œuvres d’art de l’homme qui transforment la nature. Et je parle de ces remarquables, ces incontournables, ces admirables murets de pierres sèches.

Accrochés à flanc de montagnes, ils s’allongent et s’étirent et serpentent dans les pâturages ainsi que les oliveraies.
Pendant des kilomètres et des kilomètres.
À perte de vue.
Ils habillent, transforment et rehaussent le paysage.


Combien de milliers d’heures de labeur et de sueur ont été investies dans ces pierres empilées sur des pierres, sans ciment ou mortier?
Des milliers d’heures de patience.
D’artisanat.
D’art.

Wikipédia nous explique qu’une maçonnerie en pierres sèches, « c’est comme un jeu de patience en volume, un puzzle dans l'espace. La création du mur requiert un choix et un positionnement judicieux du matériau, un ajustage minutieux et un emboîtement précis des éléments. Le maçon à pierre sèche doit avoir un bon coup d'œil pour trouver une place à chaque pierre et une pierre pour chaque place. »

Alors voici : remplacez le mot maçon par le mot écrivain. Au lieu d’emboîter les pierres, agencez des mots. Tadam! Muret de pierres sèches et roman : pour monter ces deux constructions, il faut un peu de talent, mais surtout, la même minutie, la même patience, la même persévérance. L’écrivain et le maçon sont frères dans la création.


Autres trouvailles amusantes :
En Haute-Provence, dans un petit village irrésistiblement nommé Gréoux les Bains, le regroupement local d’oléiculteurs propose des formations sur la construction de murets en pierre sèche.

Pour les bricoleurs qui auraient envie de construire leur propre muret, le Web offre même un « how-to ».

dimanche 8 août 2010

Nous ne connaissons jamais vraiment nos enfants


(Photos Neale MacMillan)

J’ai souvent pensé faire mon mantra de cette citation de l’écrivain britannique John Ruskin.

"Ce n’est pas parce qu’on avance à 100 milles à l’heure qu’on sera plus fort, plus heureux ou plus sage. Les choses les plus précieuses sont la vue et la pensée, pas le rythme.Car l’homme authentique ne se fait pas de mal en avançant lentement: sa gloire n’est pas dans le fait de se rendre, mais dans le fait d’être."

Notre fille cadette est une p’tite vite, une gigoteuse, qui frétille et se trémousse constamment. Quand elle s’est cassé le tibia, à mi-parcours de notre périple en Grèce, j’ai pensé: ouille, cette immobilité forcée va être infernale pour notre grande impatiente.

Mais surprise, surprise, sans même connaître Ruskin, notre gigoteuse a soudainement adopté sa philosophie. Sans se plaindre et sans rouspéter. L’ado turbulente nous a fait découvrir son côté contemplatif, restant de longs moments assise tranquillement, à regarder la vie s’agiter autour d’elle. On pense connaître nos enfants mais ces coquins trouvent toujours une façon de nous surprendre.

jeudi 5 août 2010

Œuvres d’art vivantes


(Photos: Neale MacMillan)

Il y a quelques années, j’ai fais des tonnes et des tonnes de recherches sur les bonsaïs, pour ce roman.

Ces arbres miniatures me fascinent.
Pour leur côté lilliputien
Pour leur grand âge.
Pour l’harmonie de leur forme.

J’ai donc sautillé de joie en voyant ces bonsaïs naturels sur l’île de Naxos, en Grèce.
Nous étions pratiquement au sommet du Mont Zeus, à 1000 mètres d’altitude.
Ce qui veut dire: du temps plus froid, beaucoup de vent et de pluie, le pic de la montagne accrochant les nuages de passage.
Ce qui veut dire des conditions difficiles mais idéales pour la formation de bonsaïs naturels.

J’aurais tellement voulu les dessiner, ces troncs sculptés par le temps et le vent.
Depuis combien de décennies s’accrochaient-ils ainsi à la rocaille?


Je me suis sentie très humble devant ces œuvres d’art vivantes.
J’ai admiré leur beauté.
J’ai admiré leur résilience.
Je leur ai même un peu envié cette résilience.

mardi 3 août 2010

Qu’est-ce qui fait courir la gourmande? Le dessert!


(Photo: Neale MacMillan)

J’étais fatiguée, la journée avait été belle mais longue, gorgée de soleil, bourrée de petites aventures, d’amusantes découvertes et couronnée d’une randonnée costaude. Il était 21h30 et je dormais assise dans ma chaise au resto (qu’ils mangent tard ces Grecs!). Nous avions bien vidé nos assiettes et nous attendions l’addition. J’ai dis à ma famille: « Je n’en peux plus, je vais me coucher.»

J’ai donc quitté ce resto familial, planté sur la place centrale d’un petit village perdu du Mont Pelion, pour retourner à notre hôtel. Mais je n’avais pas fait dix pas que mon chum se lève sur la terrasse, me faisant de grands signes avec les bras de revenir.
Je n’ai compris qu’un seul mot : dessert.
Hé oui, la sympathique proprio (à qui nous parlions par signes) nous offrait le dessert.
Il n’en fallait pas plus pour me faire revenir au petit trot et au grand galop.
Et comme j’ai bien fait de revenir.

Notre dessert: une grande assiette de yogourt nature, épais et velouté, ni surette ni sucré.
Une nappe crémeuse recouverte de quatre énormes fraises, dégoulinantes de jus sucré.
Simple comme tout.
Sublissime au goût.

lundi 2 août 2010

Romanesque ou ennuyante?



Elles sont sorties de nulle part, déboulant sur la route comme des chiens dans un jeu de quilles.
Comme un éléphant dans une boutique de porcelaine.
Comme des chèvres sur une autoroute.

Mignonnes comme tout, les chèvres.
Drolatiques avec leurs yeux globuleux et leur air éberlué.
J’avais envie de leur tirer la barbichette.


Mais ce sont les bergers que j’ai zieutés le plus longtemps que j’ai pu.
Un vieux et un jeune. Peut-être un grand-père et son petit-fils.
Comme ils nous zieutaient aussi, je n’ai pas osé prendre leur photo.

De par leur métier, leurs vêtements, ces deux bergers me semblaient tout droit sortis d’une autre époque. J’aurais voulu les suivre. Voir leur maison. Où ils dorment. Ce qu’ils mangent. Savoir à quoi ils occupent leurs pensées pendant leurs longues journées à arpenter les montagnes isolées et escarpées. À quoi ils rêvent.

Leur vie me semblait si anachronique, si sereine et romanesque.
Mais peut-être que pour eux, cette routine pastorale est cruellement lente et ennuyante.
Va savoir.