dimanche 24 mai 2009

Les bébelles ont été achetées, mais pas les livres (sniff sniff)…



En fin de semaine, il y avait une vente de garage dans mon quartier. Le genre d’événement où tout le monde sort son bric-à-brac, ses vieilles fripes et autre brocante, dans l’espoir qu’une bonne âme (ou un illuminé?) voudra payer pour les en débarrasser.

Mes filles se préparaient à cette vente depuis un mois. Elles avaient rassemblé dans de grands bacs tous les jouets, bébelles, poupées et toutous qu’elles souhaitaient vendre. Elles s’imaginaient déjà avec des liasses de billets verts en poche…

Emportée moi aussi par cette frénésie d’élagage, j’ai fais une razzia dans leurs bibliothèques débordantes. J’en ai sorti des piles et des piles d’albums illustrés. Comme l’aînée a déjà entamé l’adolescence et que la cadette y entre de plein pied, ces livres ne seraient plus relus chez nous.

Avec un mélange de fierté et de regret, j’ai donc sorti dehors mes boîtes d’albums, la plupart à l’état presque neuf, pour cette fameuse vente de garage. Avec de tels trésors, j’étais convaincue que nous serions les « vendeurs » les plus populaires du quartier. Pantoute!

Les bébelles de mes filles, les PetShop, les Barbies et autres cochonneries en plastique totalement insignifiantes (à mes yeux d’adulte) ont trouvé preneurs. Mais pas les albums. À mon grand désespoir. Pas parce que je voulais absolument faire quelques sous, mais plutôt parce que je voulais absolument voir des yeux pétiller devant tous ces livres aguichants, qui m’ont offert des moments de bonheur pur avec mes filles.

Les enfants qui passaient ne regardaient même pas les livres. Quant aux parents, certains y jetaient un coup d’œil distrait, au passage, sans même avoir le désir d’en ouvrir un et de le feuilleter.

J’aurais dû m’y attendre. Après tant d’années à frayer dans le domaine de la littérature (comme étudiante, journaliste, critique littéraire, auteure, animatrice…), je devrais pourtant avoir perdu toute naïveté et saisir lucidement la place du livre dans notre société. Ben oui, je le sais, mais sur ce sujet, j'imite l'autruche... et lorsqu'il me faut sortir la tête du sable et faire face à la musique... je me désole, me lamente et m'indigne (comme en ce moment...)

Assise devant les piles d’albums ignorés, je n’arrêtais pas de me poser la question: pourquoi ces parents qui passent devant nos tables ne montrent-ils aucun intérêt pour ces livres? Ont-ils connu ces moments magiques que procure la lecture d'un album avec son enfant? La joie de s’allonger dans le lit avec son enfant et découvrir, ensemble les images et paysages d’une histoire. Quel délice plus délicieux que ce moment de complicité partagée, d’évasion vers des contrées imaginaires, joue contre joue, bien callés dans les oreillers? Il n’y a pas grand-chose qui peut accoter ça…

Je ne prêche pas seulement pour ma paroisse (celle de l’auteure qui veut qu’on lise ses livres) mais je prêche pour le simple – l’IMMENSE – plaisir de la lecture.

Entéka. J'ai toujours, dans mon garage, deux pleines boîtes d’albums illustrés, que je me refuse à rentrer dans la maison (les considérations d’espace l’emportant sur la nostalgie).

Si jamais il y a un prof (dans l’Outaouais) qui lit ce blogue et qui pourrait faire bon usage de ces albums (quelques romans aussi, donc environ une cinquantaine de livres) je les donnerai avec plaisir à une classe ou à une bibliothèque scolaire. Si ça vous intéresse, faites-moi signe à l’adresse de courriel affichée sur ce blogue. Premier arrivé, premier servi.

P.S. Ni les bébelles, ni les jambes sur cette photo ne sont les miennes...

8 commentaires:

  1. il me semblait bien que je ne reconnaissais pas tes jambes!
    Tu t'en fais trop... L'important est que quelqu'un, quelque part, un jour, lise ces livres. Y'a pas un bazar d'église bientôt par chez vous? Moi, j'en donne toujours au bazar de "mon" église. Et devine quoi? Cette année j'y ai même acheté (car j'y achète toujours des livres aussi) un de mes livres! Tout neuf, comme s'il n'avait jamais été lu. Le prix: 0,50$. Avoue que j'ai fait une aubaine!

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  2. Bonjour Andrée,

    je ne suis pas étonnée de la réaction des gens sur les livres de votre vente de garage. Comme quoi la lecture, c'est une question d'éducation. Si les parents ne lisent pas, les enfants ne seront pas stimulés à ouvrir un livre. À moins d'un miracle : une institutrice (j'aime ce mot) passionnée de lecture.

    De mentionner ainsi vos filles me donne une idée de leur âge...

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  3. Pourtant au salon du livre (de l'Outaouais en tout cas) les enfants lisent, les parents achètent. Vous ne deviez pas être dans le bon quartier!!!

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  4. C'est dommage. Moi, dans les ventes de garage, je trouve tellement de livres pas chers! J'en profite au max!

    Je donne toujours des livres à l'école de mon village et au CPE aussi. J'en reçois beaucoup en service de presse et il me fait toujours plaisir de les partager. J'en donne même pour faire tirer à la fin de l'année dans la classe de mon grand.

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  5. Tout le monde n'aime pas les livres, d'ailleurs même vous qui les aimez, vous avez souhaité vous en séparer. Je pense que même si vos filles grandissent, peut-être qu'elles auront envie de relire un jour ces livres, surtout si elles les ont beaucoup aimés.
    J'ai beaucoup de livres de mon enfance et je les ouvres de temps à autres avec intérêt.

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  6. Andrée-Anne: En développement international, on ne donne plus (aux pays pauvres) depuis un certain temps. Car on s'est rendu compte (à la dure) que quand c'est donné, les gens y accordent moins de valeur... Voilà pourquoi j'étais un peu réticente à donner mes piles d'albums. Je voulais que les bénéficiaires les trouvent précieux... Mais je vais m'y résigner. Quant à acheter ses propres livres dans un bazar, je crois bien que 99,9% des auteurs doivent avoir fait ça...

    Dominique: D'accord avec vous. Quel joli mot qu'institutrice. Je me demande pourquoi plus personne ne l'utilise... Vieillot? Désuet? Péjoratif?

    Claude: Est-ce que vous insinuez que j'habite un quartier d'incultes?!! Hihi. Des plans pour me faire déménager...

    Sophie: Bonne idée que le CPE. Je n'y avais pas pensé.

    Cécile: Tout à fait d'accord avec vous. Comme adulte, on aime revoir les livres de notre enfance. Et j'en ai gardé (plus que moins) pour mes filles.

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  7. Curieux comme les expériences diffèrent d'un endroit à un autre. J'ai fait quelques ventes de garage (dans un vrai garage) à Montréal dans la ruelle St-Vallier, et j'avais laissé une boîte de livres loin en arrière. C'est elle qui est parti premier. Toutes les autres ventes de garage que j'ai organisé, toujours à Montréal (liquidation de succession), on me demandait : comment ça, vous avez pas de livres !?

    Forte de cette expérience, quant est arrivé ma première vente, non pas de garage mais de trottoir à Eastman, j'étais fière de placer une pile de livres bien en évidence. Pas vendu un ! En désespoir de cause, j'arrêtais les gens pour les donner, ils en ont même pas voulus !!!

    Concluez ce que vous voulez, je ne me prétends pas une statistique sur deux pattes, mais mon dernier mot revient à mon premier ; curieux.

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  8. Venise,
    Vous avez sans doute raison. Il y a plusieurs facteurs qui peuvent influencer la vente (ou la non vente) des livres dans une vente garage: le quartier, la saison, les visiteurs, les autres objets à vendre, le type de livres, etc.
    Mais quand je lis que vous avez voulu donner vos livres et que les gens les refusaient... ouille... ça décourage.
    On peut aussi se dire, tant pis pour eux, ils ne savent pas ce qu'ils ratent...
    Andrée

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