Je suis allée faire des animations dans une école primaire d’un quartier très multi-ethnique de Montréal. Y viennent des enfants des quatre coins du monde. Dans une des classes d’accueil se trouvait une petite fille aux cheveux en broussaille, qui venait d’arriver à l’école depuis une semaine seulement. On ne m’a pas dit quelle était sa langue maternelle, simplement qu’elle ne comprenait pas un mot de français. PAS un mot.
J’ai parlé devant la classe pendant 45 minutes, j’ai fais le clown, j’ai montré mes manuscrits, des esquisses, mes marionnettes et tout le bataclan… Les enfants avaient des tonnes de questions, des commentaires (t’aurais pu mettre tes papiers dans le bon ordre, m’a glissé une gamine de 8 ans…) et leurs propres histoires à raconter. Bref, une rencontre animée, pétillante, remplie de rires, d’apprentissages (les leurs comme les miens) et de complicité. Tout ce temps-là, la petite aux cheveux en broussaille est restée collée sur son siège, sans bouger, sans rigoler, sans participer, sans comprendre… Elle avait la mine morose et le regard éteint.
J’aurais voulu pouvoir m’asseoir à côté d’elle et répéter toute ma présentation, de A à Z… dans sa langue à elle. L’entendre rire elle aussi. Est-ce que ça existe un manuel avec des recettes pour adoucir le choc douloureux de l’immigrant?
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RépondreEffacerNon, pas de recettes mais tu verras, dans un mois, elle comprendra déjà tellement que tu la trouveras incroyablement géniale d'avoir apprivoisé une langue si rapidement. Et à la fin de son secondaire, tu ne sauras pas en l'entendant qu'elle n'est pas née au Québec. C'est ça la beauté de la jeunesse.
RépondreEffacerM.