mercredi 12 août 2009
Branché ou débranché?
J’ai tergiversé (mais pas trop…) avant de décider d’apporter un ordinateur pour notre voyage en Chine. En fait, c’est mon conjoint qui mettait les freins, de peur que je travaille durant le voyage. On a pesé et soupesé le pour et le contre, avant de finalement décider qu’il y avait plus de pour que de contre.
Quelques bonnes raisons que nous avions d’apporter l’ordi pour rester «branché» même en vacances :
- Pour peaufiner notre itinéraire en cours de route, réserver notre hôtel dans la prochaine ville, se documenter sur la pagode que nous allions visiter le lendemain. Nous avions bien notre bon gros « Rough Guide », mais une fois qu’on a goûté à la richesse et la diversité de l’Internet, un seul guide semble une bien pauvre source pour se documenter.
- Rester en contact avec le Canada (par courriel ou Skype) pour suivre les dossiers chauds: recevoir les nouvelles des grands-parents à l’état de santé fragile ou de cet éditeur dont on attend une réponse depuis un certain temps…
- Disposer d’un dépôt pour télécharger les centaines de photos prises au cours du voyage avec l’appareil photo numérique.
- Pour permettra à nos filles de pouvoir écrire des courriels à leurs amis ou regarder un film durant les longs trajets en train. Pas de jeux, par contre, car il n’y en a pas (et il n’y en aura pas) sur mon ordinateur portable.
- Tenir mon journal de voyage.
- (Dernière raison et celle là, je la dis tout bas, en chuchotant, parce que j’ai un-peu-beaucoup honte : je suis un-peu-beaucoup accroc à mes courriels et mes blogues…)
On est donc partis pour la Chine avec l’ordinateur portable dans le sac à dos. Les connections internet étant assez bonnes dans l’Empire du Milieu, j’avais accès à mes courriels presque quotidiennement.
J’ai donc pu regarder et commenter les esquisses d’un de mes albums en préparation. J’ai eu la réponse (très attendue) que mon roman pour ados était accepté par mon éditeur et paraîtrait cet hiver. J’ai répondu à quelques courriels pour le boulot. Pour les blogues, par contre, je ne les ais pas lus car ils étaient bloqués , gracieusement du gouvernement chinois.
Tout ça a nourri mon accoutumance à l’ordi… mais. Il y a un Mais. En pitonnant sur le clavier, à Shanghai, Beijing, Xian ou Dali, j’avais certains doutes… un malaise diffus qui me tenaillait. Avec l’ordi constamment à portée de main en Chine, je n’ai pas décroché. J’ai apporté mon travail, mes préoccupations avec moi, je n’ai coupé aucun pont. La rupture avec la routine, n’est-ce pas justement ce qui rend les voyages si précieux?
De plus, en apportant avec moi le portable, en préservant une ligne d’accès direct avec le Canada, en gardant mon univers familier si proche (du moins virtuellement), je me suis privée des joies du dépaysement total. De l’immersion complète dans cette Chine si complexe et déroutante. Bien sûr, je sentais clairement que j’étais loin de chez moi, de mes références habituelles, mais grâce à Internet, je n’étais jamais vraiment ni complètement éloignée.
D’ailleurs, nous n’étions pas les seuls à rester « branchés » même en vacances. J’ai été étonnée de voir le nombre de voyageurs (dans les auberges de jeunesse ou dans les cafés) se trimballant avec leurs ordinateurs portables… Ça n’existe donc plus des voyages « débranchés »?
Petit paradoxe : tout au long de notre périple, j’ai dû partager mon ordinateur avec mon conjoint qui voulait télécharger et trier ses photos, avec ma fille aînée qui voulait envoyer des courriels à ses copines et avec la cadette qui voulait clavarder. Comme l’ordinateur était le plus souvent en demande, en soirée, dans notre chambre d’hôtel, je me suis rabattue sur un simple carnet pour écrire mon journal de voyage.
J’ai redécouvert le plaisir d’écrire à la main.
De retour au Canada, je feuillette ce carnet et j’éprouve une grande satisfaction à voir toutes ces feuilles noircies. Je ressens une fierté puérile devant le nombre de pages remplies, preuve concrète de ma persévérance (ou mon entêtement) à noter nos aventures et mes impressions. Ce carnet me semble bien plus précieux, bien plus digne d’être préservé qu’un document Word classé dans un répertoire électronique de la mémoire virtuelle de mon ordinateur…
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Voilà une entrée qui s'adresse à moi. Lors de mon dernier voyage, j'ai amené mon portable avec moi pour la première fois. C'était parfait, mais, comme toi, je passais beaucoup de temps à travailler.
RépondreEffacerÀ l'inverse, lors de mes voyages précédents, je perdais beaucoup de temps à courir les cafés internet pour transférer, recopier, prendre des nouvelles.
Tu as raison : il semble que le temps de parcourir le monde, un simple carnet à la main, en apprenant les nouvelles au retour (bonne ou mauvaises) soit révolu. Il y a de bons et de mauvais côtés.
Le voyage lui-même change. Révolu aussi le temps où l'on passait les frontières sans aucun contrôle. Ça m'est déjà arrivé dans quelques pays, même aux États-Unis. Essaie de faire ça aujourd'hui. Tu te ferais tirer dessus sans sommation.
La planète rapetisse. Le monde est continuellement à portée de clavier. Ce n'est pas plus mal. C'est juste différent.
(Il me semble que je viens de parler de 2 sujets différents, moi là. Bof ! Je vais aller me refaire un café.)
En tout cas si vous aviez votre portable pendant votre voyage, ça n'a pas paru sur votre blogue, j'avais hâte que vous reveniez. Depuis votre retour, vous nous gâtez, ça valait la peine d'attendre.
RépondreEffacerJ'apporte aussi mon portable lors de mes voyages aux États-Unis, et si je ne l'ai pas apporté en Tunisie il y a quatre ans, je crois bien que je vais l'apporter en Espagne cette année. Pour les mêmes raisons que vous (jusqu'à l'attente de réponse d'éditeur).
Et je n'ai aucune honte à dire que je suis accroc à l'ordi. Quand j'ai barbouillé tous ces petits cahiers de notes, de récits de voyages, de journaux intimes, de lettres, est-ce que nous disions que nous étions accros? Les mots ont changé de support, simplement.
J'apporte une note différente, peut-être parce que je ne possède pas de portable... Autant je suis accro à mon ordi quand je suis à la maison, autant j'ai besoin de décrocher totalement en vacances. Je crois que même si j'avais un portable je ne l'apporterais pas en voyage.
RépondreEffacerPour les photos, on peut les faire transférer sur des CDs pendant le voyage. Pour les bonnes et mauvaises nouvelles du boulot et des éditeurs, ça peut bien attendre... Pour planifier la suite du voyage, oui, là j'admets que ça peut être intéressant. Mais quand tout est planifié et réservé à l'avance, est-ce si nécessaire?
Moi, je décroche tellement que je ne regarde même pas la télé et je ne lis pas les journaux. Il y a une télé dans le chalet qu'on a loué? On ne l'ouvre pas! Ce qui fait de moi une méchante maman. Mais bon, on redécouvre les jeux de patience, le Monopoly et le Clue!
Je comprends votre point de vue, mais je ne le partage pas. Pour moi, il est encore possible de parcourir le monde un carnet à la main, des cartes routières toutes déchirées sur les genoux, et ne pas avoir de nouvelles du monde! Quelle nouvelle ne peut pas attendre? Je me souviens de cette fois où je n'ai appris les inondations du Saguenay qu'à mon retour de vacances. Ou de cette fois où, à Cape Cod, je ne comprenais pas pourquoi tant de gens se tenaient sur les rives en regardant au loin. C'était John Kennedy Jr et sa femme qui étaient disparus en mer. Qu'est-ce que ça aurait changé que j'apprenne ces nouvelles quelques jours plus tôt?
Bon, je suis un vieux dinosaure. Ou encore, en vacances, j'ai un profond besoin de décrocher.
Par contre, il y a une chose que je conserve de ma vie de tous les jours, une seule chose: la lecture.
Andree Anne, je ne regarde pas les nouvelles à la maison, je ne lis pas les journaux, alors en voyage non plus. Je ne travaille pas pour quelqu'un, donc évidemment pas de nouvelles de bureau. Alors l'ordi, c'est surtout pour ne pas avoir à tout réécrire à mon retour, j'aime bien que mes textes soient déjà sur l'ordi. Ou pour corriger ceux qui y sont déjà. C'est du travail oui, mais travailleur autonome à l'année et donc "en vacances" à l'année, quand je pars deux mois dans le sud, je continue à "travailler", mais en short!!!
RépondreEffacerMais quand je travaillais pour un patron, trois semaines de vacances, j'étais comme vous, je décrochais de tout. Je me suis reconnue avec les cartes déchirées sur les genoux.
Moi aussi, si je partais deux mois dans le sud, je continuerais à "travailler"... C'est peut-être ce que je ferai un jour...
RépondreEffacerHiiii... Je sautille d'excitation. Une discussion sur mon blogue. Trop cool, comme dirait ma fille.
RépondreEffacerCamille,
Tu parles comme un vieux (pardon) un jeune sage:
"Le monde est continuellement à portée de clavier. Ce n'est pas plus mal. C'est juste différent..." Bien d'accord, mais ces changements me rendent nostalgiques.
Claude,
Merci de me déculpabiliser au sujet de ma dépendance à l'ordi... Surtout que je m'aperçois que je suis pas la seule. En Chine, il y a des camps de désintoxication à l'ordi... surtout pour les jeunes parait-il.
Et vous avez bien raison au sujet du deux poids deux mesures: personne ne parle d'être accroc à son calepin de notes, alors pourquoi le dire pour l'ordi???
Andrée-Anne,
Oui, oui, les cartes déchirées sur les genoux!! Ça me rappelle mes voyages en famille, quand j'étais jeune. Mes parents nous ont fait visité tout le Canada (à 8 enfants, fallait le faire...) et on se battait pour déchiffrer les cartes routières...
Andrée
Dimanche 16 août Conférence à 14 heures
RépondreEffacer« Les hauts et les bas du métier d'auteur » par Andrée Poulin, récipiendaire de la première résidence d’écrivain de la Ville de Gatineau en 2009.
Comme je n'irai pas à cette conférence, peut-être nous en dire des ti-bouts sur ce blogue, non? Surtout la vie en résidence, comment c'Était? (Si vous ne voulez pas que cette information soit rendue publique, vous pouvez toujours effacer le commentaire.)
Je rejoins un peu plus Andrée Anne dans ses propos.
RépondreEffacerJe ne possède pas de portable (ni cellullaire)non plus et j'avoue que je n'en voudrais pas...
Autant, le reste de l'année, je suis souvent sur Internet, je consulte blogues et courriels, tout est à portée de main, rapidement. Autant quand je suis en vacances (que je parte ou que je reste à la maison) j'éteins l'ordi, je place des notes partout comme quoi je suis injoingnable, je ne réponds plus au téléphone et je me déconnecte du monde pendant 2 semaines. Je suis en vacances... :)
Je le fais deux fois par année, en général, l'été et pendant les vacances de Noël.
Je crois que je ne cadre pas trop avec mon temps. Autant j'aime énormément l'ordinateur et ses technologies, autant j'ai besoin de sentir, deux fois par année, que je n'en ai pas réellement besoin et qu'il y a autre chose...
En voilà une dans mon camp! Allie, vous allez encore plus loin que moi! Lorsque je suis à la maison, je n'arrive pas à laisser l'ordi fermé et à ne pas répondre au téléphone.
RépondreEffacerBonjour Claude,
RépondreEffacerJe serai écrivain en résidence à la Bibliothèque de Gatineau durant le mois d'octobre. J'en parlerai certainement sur mon blogue.
Quant à ma conférence de dimanche, ce sera le baratin habituel de l'écrivain: difficulté d'écrire, difficulté de publier, difficulté de trouver des lecteurs. Ce sera une causerie très déprimante... Sans blague, je vais parler des joies et défis du métier d'auteur et tenter de m'ajuster aux intérêts de mon public (s'il y en a... car ce sera dimanche après-midi...)
Andrée
Bonjour Allie,
RépondreEffacerOn doit se sentir très libre quand on arrive à décrocher à ce point là... Je vous envie.
Andrée
@Andrée Anne: Malgré mon jeune âge, je peux être assez dinosaure en fait parfois ;)
RépondreEffacer@Andrée P.: En fait, pour moi c'est primordial pour pouvoir continuer le reste de l'année. Les vacances (été + Noël) sont des moments qui me rappellent mon enfance... il y avait une différence marquée entre le reste de l'année (l'école) et les vacances (l'insouciance et la liberté). Ce que je recrée en décrochant littéralement de tout! Mais bon, le reste n'est pas plus mal, c'est seulement ma façon de faire et de profiter de mes vacances ;)