lundi 12 octobre 2009
Une poignée de poussière dans la main
Photo: David Iliff.
Je reviens d’une brève virée à New York avec mes trois sœurs. Un long weekend TROP. Trois jours où j’ai trop ri, trop bu et trop mangé. Un weekend trop délicieux, trop fabuleux, trop merveilleux.
Nous avons pleinement profité des attraits de la Grosse Pomme.
Nous avons rigolé jusqu’en haut de l’Empire State Building.
Nous nous sommes empiffrées de pretzel sur Time Square.
Nous avons placoté comme des pies joyeuses en ballade dans Central Park.
Nous avons applaudi comme des gamines énervées à la fin de notre comédie musicale sur Broadway.
Nous avons souri de toutes nos dents pour la photo classique avec la statue de la Liberté en arrière-plan.
Mais il y a un avant-midi où nous n’avons pas rigolé.
Ni placoté.
Ni plaisanté.
C’était notre avant-midi à Ground Zero.
Ground Zero. Depuis le fatidique 11 septembre 2001, c’est par cette expression hautement symbolique qu’on désigne l’emplacement du World Trade Center, symbole par excellence de la puissance américaine.
Ground Zero. Le terme indique l'endroit précis sur le sol où a lieu une explosion.
Ground Zero. Le mot évoquera toujours dans mon esprit cette image terrifiante d’un avion fonçant dans ces tours jumelles qui faisaient la fierté de New York. Attentat qui constitue d’ailleurs l’une des tragédies les plus documentées et les plus visionnées de l’Histoire.
La visite guidée du site est donnée par des bénévoles, des gens qui étaient présents au World Trade Center avant, pendant ou après l’attaque terroriste d’Al Quaïda. L’un de nos guides a raconté, brièvement, sans dramatiser, comment il avait réussi à sortir d’une des tours cinq minutes avant qu’elle ne s’effondre.
Une touriste a demandé au guide: « Combien de personnes se sont jetées en bas des tours en feu? » J’ai eu beau tourner et retourner cette question dans tous les sens, je n’ai pas compris pourquoi elle avait été posée. Maquillé ou pas, subtil ou non, le voyeurisme ne sera jamais élégant.
Dans le musée consacré à la mémoire des victimes (près de 3 000), des boîtes de Kleenex sont disposées sur les bancs. Samedi matin, sous un soleil radieux, les gens visitaient l’exposition en silence, avec des visages graves et des regards émus. Chez certains, les larmes coulaient librement.
J’ai lu et relu ce court témoignage d’une femme de pompier, quelques lignes tracées sur un carton. Le matin du 11 septembre 2001, cette femme savait que son mari était monté dans l’une des tours afin de tenter d’évacuer les gens. Quand la tour s’est écroulée, la femme a pris une poignée de poussière dans sa main. Puis elle s’est dit: «Mon mari est dans cette poussière.»
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...certes cette célèbre poussière d'étoiles est triste...
RépondreEffacer...mais se sont des morts ethnocentriques...
...hélas combien de "Ground Zero", la faim engendre en Afrique sans que nous n'en fassions tout un "plat" ...
MOi qui vous croyais au Salon du livre de Jonquière, en compagnie de Camille Bouchard.
RépondreEffacerEn tout cas vous avez le sens du titre et du "punch". Beau billet.
...mais Claudel a tout à fait raison...
RépondreEffacerencore une "bouteille" de grand crus qui viens nous titiller les "humeurs"...
Cher l'Encre,
RépondreEffacerTout à fait d'accord avc toi. J'en ai d'ailleurs discuté avec mes soeurs le weekend dernier. On s'est demandé pourquoi cette catastrophe, certes très dramatique, a tellement capturé l'attention du Monde, alors que le génocide au Rwanda (un exemple parmi tant d'autres) qui a fait des centaines de milliers de morts a eu si peu d'attention médiatique.
Mais Ground Zero, c'était des Américains, des Blancs, proches de nous, des gens de classe moyenne, qui nous ressemblent... Ton mot - ethnocentrique - était tout à fait approprié.
Chère Claude,
Je ne peux prendre aucun crédit pour le punch ici... je n'ai fais que rapporter les mots d'une veuve de pompier.
Andrée
Je me prosterne devant ce très beau billet qui, par ses contrastes, frappe. Une excellente manière de souligner, un lundi d'Action de Grâces, que nous sommes en vie. Et d'en être reconnaissants, émue jusqu'aux larmes.
RépondreEffacermalgré toute l'horreur du 11 septembre et de sa poignée de "poussières d'étoiles" qui en résulte, celà ressemble à un pétard mouillé en regard de ce que nous avons oublié ce qu'ont fait les américains le 6 août 1945...
RépondreEffacer...suivre le lien«i-facto.com»«Little Boy,60 ans plus tard»
....tendresse@à tous...
Chère Venise,
RépondreEffacerOui, tu as bien raison de le souligner... on a tellement, tellement, tellement de raisons d'être reconnaissants.
Cher l'Encre,
Quel étrange hasard que tu me guides vers ce lien racontant l'histoire de Sadako et de ses centaines de grues de papier. L'an dernier, ma fille cadette a fait un projet de classe sur l'histoire de cette petite Japonaise. Et dans le musée de Ground Zero, à New York, il y a aussi des grues de la "paix" fabriquées par des écoliers américains.
Mais tu as raison, la culpabilité des USA à l'égard des séquelles d'Hiroshima et de Nagasaki n'est plus du tout visible...
Andrée
Crédit pour punch, certainement, pour l'avoir placé là, au bon moment, à la bonne place. C'est quand même toi qui a construit, écrit et publié ce billet, non? Je persiste: billet très bien écrit qui atteint son but: informer et émouvoir.
RépondreEffacerdeux à zéro pour Claudel...
RépondreEffacerClaude et l'Encre,
RépondreEffacerO.k. vous deux. J'ai compris... et j'accepte, bien humblement, le compliment.
Andrée