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M. Thomas et les élèves dans la poussinière |
Lorsque les enfants entrent dans l’enclos grillagé, les poussins paniqués se mettent à courir dans tous les sens. « Attention! Attention! Ne piétinez pas les poussins!», lance Monsieur Thomas aux élèves qui marchent sur la pointe des pieds dans la poussinière.
C’est qu’elles sont précieuses ces petites boules de poil. Piétiner un poulet, c’est comme piétiner ses bénéfices. Un poussin mort, c’est une poule de moins à vendre et des profits en moins pour l’école primaire de Lalane, petit village assis en bordure de l’autoroute, à une heure de Dakar, au Sénégal. Dans six semaines, ces poussins duveteux devenus des poules dodues seront en effet vendues aux familles de Lalane.
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« Tous les œufs sont les mêmes, mais chaque poussin est différent. » Proverbe africain. |
Ce poulailler en milieu scolaire est l’initiative de Thomas Diop, directeur de l’école primaire de Lalane. S’il est officiellement le directeur, M. Thomas est aussi le pilier, la locomotive et l’âme de l’école. Ce soixantenaire fougueux et hyperactif ne compte ni ses heures, ni son énergie pour améliorer la situation des 450 élèves de son établissement.
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Une classe à l'école de Lalane |
Et les besoins sont grands, à l’école de Lalane, où il n’y a ni
électricité ni eau courante. Côté hygiène, ce sont les enfants
eux-mêmes qui nettoient les toilettes turques, sous la supervision du
directeur.
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Les toilettes de l'école sont nettoyées par les élèves, à tour de rôle |
Dans les classes, on trouve un seau d’eau et une guenille
devant le tableau noir. Ici encore, ce sont les élèves qui nettoient la
grande ardoise.
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Un seau d'eau pour nettoyer le tableau... |
Les fonds recueillis grâce à la vente des poules servent à acheter du matériel scolaire (crayons et cahiers) ainsi qu’à payer la cantine scolaire pour les enfants des familles pauvres. M. Thomas rêve grand. Il souhaiterait élever 2 ou 3 portées annuelles de 400 poussins, afin d’avoir assez de profits pour acheter des outils didactiques pour les enseignants.
Pour la première portée, M. Thomas a perdu sept poussins et a fait des bénéfices de 40 000 FCFA (un peu plus de 90 $). À la troisième portée, il n’a perdu qu’une seule poule et augmenté légèrement ses bénéfices. « On a appris de nos leçons. Et ensuite, les gens de Lalane ont vu la qualité de nos poulets », précise-t-il fièrement.
En plus de permettre aux gens du village d’acheter du poulet de bonne qualité à prix raisonnable, en plus de donner un coup de pouce aux familles d’écoliers démunis, ce projet de poulailler a une portée pédagogique importante. Comme les élèves ont la charge du poulailler, ils apprennent à nourrir les poussins, à surveiller leur croissance, à travailler en équipe et à développer leur sens des responsabilités.
« À la première portée, plusieurs poussins sont morts. Le vétérinaire a insisté sur la propreté. Maintenant, les élèves désinfectent minutieusement la poussinière. Ils remplacent régulièrement le paillis pour éviter la contagion. Car la mort de chaque poussin diminue leur profit et les enfants le comprennent très bien », explique M. Thomas.
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Les élèves apprennent à ne pas écraser les poussins... |
Ceux qui voudraient appuyer l’école de Lalane et acheter quelques mignons poussins, il est possible de faire un don en ligne, en
cliquant ici.
Quel beau reportage Andrée. Félicitations pour ceci! Je suis un ami de Carole Lepage. Je suis aussi écrivain à mes heures.
RépondreEffacerSuperbe reportage et quelle bonne idée l'instituteur de l'école a eu!
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