Baptisé d’un nom aussi évocateur que poétique, Le pollen est une revue numérique bimestrielle sur la littérature de jeunesse, conçue pour les enseignants du préscolaire et du primaire. Une jolie citation de l’écrivain chinois Lin Yutang semble avoir inspiré le nom de la revue: « Un auteur favori ou un amour littéraire est le pollen d’une âme. »
Chaque numéro, qui dépasse les 150 pages, fourmille d’informations, de critiques et d’analyses. Les rédactrices en chef, Marie Dupin de Saint-André et Isabelle Montésinos-Gelet, toutes deux professeures à l’Université Montréal, y signent des textes étoffés, qui offrent un beau mélange de théorie et de pratique. La revue présente aussi des réseaux littéraires, des pistes d'exploitation des livres, des outils, des ressources, des nouvelles, des chroniques, etc.
Pour vous donner le goût de feuilleter Le pollen, voici un extrait d’un article que j’ai publié l’an dernier dans la revue. Pour lire l’article au complet ou pour s’abonner à cette revue incontournable, c’est par ici.
Petit abécédaire d’une auteure et ses livres
J’adore les abécédaires, qui permettent à un créateur de s’éparpiller à tous les vents et de s’éclater, tout en se pliant à la contrainte de l’alphabet. Voici donc un modeste abécédaire sur mon petit je-me-moi, parsemé de réflexions, constatations et autres élucubrations.
A pour apprentissage
Ça donne quoi de fouetter un cheval mort? Rien du tout. Rien de rien. Ça donne quoi de s’acharner sur un mauvais manuscrit? Rien du tout. Rien de rien. Mais c’est dur (DUR!) d’admettre que son manuscrit ne sera jamais bon. D’admettre que le cheval est mort. Ça écorche de mettre un manuscrit à la poubelle. À cause du temps investi. À cause de la sueur suée. À cause de l'espoir gonflé. À cause des images imaginées. Mettre un manuscrit à la poubelle. Un mal parfois nécessaire. Un douloureux apprentissage.
D pour dichotomie
Dichotomie entre ce que je voudrais écrire et ce que les éditeurs veulent publier. Je pourrais même ajouter : entre ce que les enfants veulent lire aussi. Comme auteure, on veut d’abord et avant tout être lue. Par le plus grand nombre de lecteurs possible. Je suis donc souvent déchirée entre ce que j’appelle le « commercial » et le « littéraire ». Le marché, les éditeurs, les enfants demandent des histoires légères, divertissantes et rigolotes tandis que je suis attirée par les histoires plus profondes, des thèmes plus sombres, des narrations plus exigeantes, où la forme se réinvente et s’éclate. Je veux que les éditeurs vendent. Je veux que mes livres soient lus. Mais je rêve aussi de voir les éditeurs (et les lecteurs) s’aventurer vers des lectures qui les sortent de leur zone de confort.
E pour Ellipse
Plus je publie des albums, plus j’approfondis l’art de l’ellipse. Petit à petit, j’apprends à ne pas tout expliquer. Dans la prochaine année, je publierai deux albums, l’un chez Druide et l’autre chez Comme des géants, qui seront mes textes les plus elliptiques à ce jour. À mes débuts, je cherchais (je m’en confesse) à éblouir par ma prose poétique et élégante. Maintenant, je chercher à raconter des histoires avec une grande économie de mots, afin de laisser plus de place à l’illustrateur et plus de place à l’imaginaire des jeunes lecteurs.
L pour lectorat
Miss Pissenlit : le roman qu’il m’a fallu le plus de temps pour écrire. Près de dix ans! Pourtant, c’est mon roman le plus méconnu, je crois. Il n’a pas complètement trouvé son lectorat. Même s’il a remporté le prix du livre jeunesse des Bibliothèques de Montréal. Aux enseignants du secondaire qui liraient ceci, voici donc un « scoop » : une situation d’apprentissage et d’évaluation complète a été développée et se retrouve sur ce site. Il suffit d’un clic.
O pour orgueil
Il faut beaucoup d’orgueil pour écrire des livres. Pour penser qu’on a quelque chose de nouveau, d’original, d’inédit (vraiment?) ou d’important à raconter, alors que des millions de livres sont publiés chaque année. Paradoxalement, il faut aussi beaucoup d’humilité pour être auteure. L’humilité d’accepter que même si on écrit jour et nuit, sans relâche et sans répit, même si on publie un petit chef-d’œuvre, il ne sera peut-être lu que par quelques milliers de personnes…
Q pour quétaine
Quand on écrit pour les jeunes, il est facile de verser dans le quétaine. De glisser vers les stéréotypes ou les thèmes éculés : les princesses en robe rose, les dragons qui crachent du feu ou le petit coquin qui ne veut pas aller au lit… Je fuis les clichés comme la peste (ah! Un cliché!). Je cherche à écrire des livres différents, riches, originaux. Des livres qui exigent effort et patience. De la concentration et du silence. Des livres où le lecteur s’abandonne et s’immerge dans la plus pure et la plus jouissive évasion.
T pour titre
C’est avec La plus grosse poutine du monde que j’ai vraiment mesuré la puissance d’un titre. Il me suffit de dire le titre de ce roman pour voir déjà l’intérêt, les sourires, la curiosité de mes interlocuteurs. Le seul inconvénient de trouver un titre aussi accrocheur, c’est que la barre se retrouve soudain fixée très haute pour les prochains titres.
U pour urine
Ah! Est-ce que ce mot a capté votre attention? Avez-vous sauté d’autres lettres de cet abécédaire, mais en voyant celle-ci, votre regard a stoppé net? Chaque fois que je sors ma kyrielle albums en animation scolaire, celui qui reçoit immanquablement le plus d’attention, c’est Pipi dehors. Les enfants rigolent, ricanent, réclament que je le leur lise ou se jettent dessus pour le feuilleter. Je savais que les thèmes scatologiques étaient populaires auprès des enfants, mais je l’ai constaté encore davantage avec ce petit album humoristique publié chez Bayard. Le plus drôle? Ce commentaire d’une fillette dans une école d’Ottawa qui m’a dit un jour : « Il y a un « mauvais mot » dans le titre de ton livre!
W pour wow!
Wow pour ces profs passionnés de littérature jeunesse, qui sont d’extraordinaires passeurs, des enseignants qui forment des lecteurs à vie! Je les rencontre au fil de mes animations scolaires. Et chaque fois que je constate leur engagement, leur créativité pour valoriser le livre, je m’étonne de ce que leurs magnifiques initiatives ne soient pas mieux diffusées par les commissions scolaires. D’où la section de mon blogue intitulée Vive les profs. C’est à la fois un hommage à ces pédagogues hors pair et aussi une façon, bien modeste, de mieux faire connaître leurs initiatives de promotion de la lecture.
Y pour yéyé
Yéyé veut dire grand-père en mandarin. Le yéyé est un des personnages principaux de mon roman Les Impatiences de Ping. Dans ce roman, j’explore les thèmes des bonsaïs et des biscuits chinois, je combine le tragique et le comique, l'ancien et le nouveau, la Chine et le Québec... En développant le personnage du Yéyé, ce grand-père venu de Chine s'installer au Québec, j'ai pris conscience de l’immense courage des immigrants, qui doivent repartir à zéro dans un nouveau pays.
Z pour zen
Devant l’état actuel de l’édition, non seulement au Québec, mais dans le monde entier, je m’oblige à rester zen. Baisse des ventes de livres, fermeture de librairies, baisse du temps consacré à la lecture, hausse vertigineuse du temps devant les écrans (chez les petits comme chez les grands…) Devant cette situation plutôt désastreuse, je m’entraîne à rester zen. Pour préserver cette petite flamme fragile qu’on appelle le goût de créer.
W pour wow!
Wow pour ces profs passionnés de littérature jeunesse, qui sont d’extraordinaires passeurs, des enseignants qui forment des lecteurs à vie! Je les rencontre au fil de mes animations scolaires. Et chaque fois que je constate leur engagement, leur créativité pour valoriser le livre, je m’étonne de ce que leurs magnifiques initiatives ne soient pas mieux diffusées par les commissions scolaires. D’où la section de mon blogue intitulée Vive les profs. C’est à la fois un hommage à ces pédagogues hors pair et aussi une façon, bien modeste, de mieux faire connaître leurs initiatives de promotion de la lecture.
Y pour yéyé
Yéyé veut dire grand-père en mandarin. Le yéyé est un des personnages principaux de mon roman Les Impatiences de Ping. Dans ce roman, j’explore les thèmes des bonsaïs et des biscuits chinois, je combine le tragique et le comique, l'ancien et le nouveau, la Chine et le Québec... En développant le personnage du Yéyé, ce grand-père venu de Chine s'installer au Québec, j'ai pris conscience de l’immense courage des immigrants, qui doivent repartir à zéro dans un nouveau pays.
Z pour zen
Devant l’état actuel de l’édition, non seulement au Québec, mais dans le monde entier, je m’oblige à rester zen. Baisse des ventes de livres, fermeture de librairies, baisse du temps consacré à la lecture, hausse vertigineuse du temps devant les écrans (chez les petits comme chez les grands…) Devant cette situation plutôt désastreuse, je m’entraîne à rester zen. Pour préserver cette petite flamme fragile qu’on appelle le goût de créer.
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