dimanche 28 novembre 2010

Du plaisir de faire plaisir... à sa maman


Ma mère est rendue à ce bel âge où elle ne désire plus de choses. Plus de bébelles. Plus de matériel. Et comme elle n’est ni gourmet, ni gourmande, il faut que je me creuse les méninges pour trouver quoi lui offrir.

Quand j’ai terminé récemment la lecture de Rosa Candida, j’ai eu une intuition, comme un mini éclair: ma mère va aimer ce roman. Ma mère, la jardinière ardente, va aimer comment on parle des fleurs dans cette histoire toute en douceur. Alors je lui ai apporté le livre, dont j’avais parlé dans ma chronique aux Divines Tentations, à Radio-Canada.

Traduit de l'islandais, ce roman de Audur Ava Olafsdottir (non, ne me demandez pas comment on prononce le nom de l’auteure!) raconte les apprentissages d’un jeune homme qui quitte son Islande natale pour se rendre dans un pays jamais nommé. Il s’exile ainsi pour aller restaurer une roseraie célèbre, plantée au milieu d'un monastère. Le héros a promis à sa mère, décédée prématurément dans un accident de voiture, de planter dans cette roseraie la rosa candida, une rose à huit pétales que la maman cultivait dans la serre familiale.

Tout en réalisant son grand projet, le héros découvre l’enchantement de l’amour, les plaisirs de la paternité et les joies de faire la cuisine. À la foi candide et pur, le jeune homme se pose les grandes questions existentielles: comment trouver sa place dans ce monde? Comment donner et recevoir de l’amour? À la fois drôle, poétique et rafraîchissant, ce roman paisible est à classer dans la catégorie des livres qui font du bien.

Pas pour rien que le livre était finaliste au Prix Fémina et qu’il se retrouve maintenant finaliste au Prix des libraires, dans la catégorie «Roman hors Québec».

Lorsque j’ai revu ma mère, quelques semaines plus tard après lui avoir donné le livre, elle m'a dit, d’un ton emballé: «Je l’ai lu! C’est bon! C’est tellement bon!»
À l’excitation dans son ton, à la vigueur de son enthousiasme, j’ai compris qu’elle avait vraiment aimé et qu’elle ne disait pas ça par simple politesse.

Et je jubilais! Et ma petite voix intérieure me répétait, comme un refrain joyeux: «Ma mère a aimé Rosa candida! Ma mère a aimé Rosa Candida

Petit bonheur de savoir que ma mère avait admiré et apprécié un livre que moi-même j’avais admiré et apprécié.
Petit bonheur d’avoir eu l’intuition (comme une victoire), qu’elle aimerait ce livre hors de l’ordinaire.

Même quand on a soi-même des cheveux blancs, on veut encore faire plaisir à sa maman…

vendredi 26 novembre 2010

Ne plus savoir comment ouvrir un livre...



Quand j’ai acheté mon téléphone cellulaire, il m’a fallu un "certain temps" pour apprendre comment l’ouvrir, l’allumer et m’en servir.
Est-ce qu’un jour, ce sera la même chose pour un livre?
Si oui, quand? Demain? Dans dix ans? Dans vingt ans?

mardi 23 novembre 2010

Éteins ton cellulaire


(Illustration: Jean Morin)

Au Salon du livre de Montréal, j'ai donné une animation sur mon album Mon papa n’écoute pas.
Animation au titre un brin provocateur: Éteins ton cellulaire.
Un titre approprié, puisque l’album en question porte sur l’envahissement du cellulaire dans nos vies.

Pour faire rire mon public et pour faire une petite démonstration du thème de l'album, je suis montée sur scène avec mon téléphone cellulaire. Je m’étais arrangée pour planter une complice dans l’auditoire (ma fille), qui m’a appelée trois fois durant l’animation. Et qui a fait sonner la sonnerie de son téléphone à deux reprises. Exprès. Pour montrer à quel point le cellulaire peut s’avérer importun.

Après l’animation, ma fille vient me trouver et, toute indignée, me raconte ce qui lui est arrivé durant ma présentation:

« Quand j’ai fais sonner mon téléphone la deuxième fois, une madame s’est tournée vers moi et m’a dit sur un ton agressif: « Il serait temps que tu l’éteignes! »

Et vlan.
Quand la blague est trop flagrante, il arrive qu’on passe à côté.

lundi 22 novembre 2010

Ce qui rassure et ce qui fait plaisir...


Tourbillon, tourbillon, tel était mon Salon du livre de Montréal ce weekend. Rencontres, discussions, échanges, court à droite, signe à gauche. Beaucoup de stimulation et un peu de frustration. Trop de monde à voir. Pas le temps, pas le temps, de parler comme il faut, lentement, à tous les amis, auteures, auteurs, illustrateurs que j’ai croisés.

Tout de même, un tas de petits événements m’ont fait grand plaisir. Et m’ont rassurée.

L’enseignante qui « enseigne » même le dimanche…
Vous en connaissez beaucoup des enseignantes qui amènent leurs élèves au Salon du livre un dimanche matin? Ben moi, j’en connais une. Une amie d’une amie qui est aussi un peu mon amie. Je l’ai revue ce dimanche, traînant à sa suite deux de ses élèves, des garçons de 10 ans dont les parents ne pouvaient les amener au Salon parce qu’ils sont propriétaires d’un dépanneur et qu’ils travaillent le weekend.

Toujours prête à relever un nouveau défi, Geneviève a accepté de tester mon prochain manuscrit, que je me suis vaguement engagée à terminer en décembre. Chère Geneviève, sais-tu à quel point c’est emballant de voir une enseignante aussi passionnée par sa profession? Aussi passionnée par la littérature jeunesse?
Ouais, ça me fait grand plaisir.
Et ça me rassure.

Mon maire à moi, il lit…
Quand je l’ai vu au Salon, le maire de ma ville n’avait pas l’air d’un maire, mais d’un lecteur. Il avait acheté des livres. « Pour les enfants », qu’il m’a dit.
Marc Bureau s’est arrêté à la table où je signais. M’a demandé sur quoi je travaillais en ce moment. M’a dit qu’il préférait « notre » Salon, (celui de l’Outaouais) car il était moins gros et plus chaleureux. Bien d’accord avec vous M. Bureau.
J’étais ravie de voir que le maire de ma ville s’intéresse assez aux livres pour faire quatre heures de route pour venir au Salon du livre de Montréal. Ça m’encourage de savoir que certains politiciens lisent
Ouais, ça me rassure.

Souper des auteurs
C’est en voie de devenir une tradition ce souper d’auteurs jeunesse. Un rendez-vous à ne pas manquer. Une soirée pour chialer, rigoler, se défouler. On était une douzaine de femmes et cette année, pour la première fois, deux courageux illustrateurs ont osé se joindre à nous. On a chialé, on a rigolé et on s’est follement défoulé. On s’est même échangé nos livres. Et on s’est promis de récidiver.
Ouais, ça m’a fait grand plaisir.

Quand les auteurs se mobilisent
J’en reparlerai plus longuement prochainement, mais les auteurs jeunesse se mobilisent afin de protester contre les coupures et autres incohérences qu’on fait présentement subir au programme Culture à l’école.
Convoqué à la dernière minute, nous étions une quinzaine (surtout des auteurs, mais deux éditeurs : yé!), samedi matin, pour discuter de protestation et de mobilisation. J’aime voir les étincelles de l’activisme dans les yeux des écrivains. J’adore voir la fougue et les élans de ceux qui n’ont pas peur de se lancer dans la bataille. So-so-solidarité!!!
Ouais, ça me rassure.
Et ça me fait grand plaisir.

Pleurer d'avoir raté son auteur préféré...
Finalement, cette anecdote, qui ne me concerne pas, mais qui m’a enchantée. Un petit garçon se présente au stand de Québec Amérique pour faire signer un livre d’Alain M. Bergeron. Sauf que le pôvre Alain, malade comme un chien, est rentré dans ses terres. Il ne pourra pas signer le livre en question. Et le petit garçon d’en avoir les larmes aux yeux. Les livres – et leurs auteurs - peuvent donc encore inspirer beaucoup de passion.
Ouais, ça me fait grand plaisir.
Et ça me rassure.

vendredi 19 novembre 2010

N'ayez pas peur d'approcher les écrivains: ils ne mordent pas


Si vous vous promenez au Salon du livre de Montréal ce weekend et que vous voyez un écrivain qui s'ennuie à sa table (ce qui n'est pas rare), n'ayez pas peur de lui faire un brin de jasette. Les écrivains mordent parfois leur stylo, mais jamais un lecteur potentiel.

Vous comptez faire un saut au Salon ce weekend? Rien ne me ferait plus plaisir que de vous serrer la pince. Mon horaire ressemble à ceci:

Samedi
- 10h - 11h Miss Pissenlit Québec Amérique Stand 232
- 11h45 Animation sur la scène de l’Agora Van Houtte.
Éteins ton cellulaire! (6 à 8 ans) Animation sur mon album Mon papa n’écoute pas
- 12h30 à 13h30 Mon papa n’écoute pas! Isatis Stand 117
- 15h à 16h La classe de madame Caroline Dominique et Compagnie Stand 137
- 16h à 17h La corde à linge magique Imagine Stand 213

Dimanche
- 10h à 11h Miss Pissenlit Québec Amérique Stand 232
- 11h30 à 12h30 La corde à linge magique Imagine Stand 213
- 13h à 14h Mon papa n’écoute pas! Isatis Stand 117

mercredi 17 novembre 2010

Les joies intenses nous rajeunissent…


Il y a longtemps que Noël ne m’excite plus.
Au risque d’avoir l’air blasée, il n’y a plus beaucoup d’événements, à mon âge, qui me donnent cette trépidation que je ressentais, petite fille, la veille de Noël.
C’est qu’elle était forte, quand j’avais huit ans, l’effervescence du 24 décembre.
Avec ce désir fou de chanter à tue-tête.
Cette fébrilité émue.
Cette euphorie qui engendrait une joyeuse insomnie.

J’ai publié plus d’une vingtaine de livres.
Chaque fois que j’ai un nouveau manuscrit est accepté, je soupire de soulagement.
Ouf. Je peux encore.
Puis je me réjouis.

Récemment, j’ai reçu un OUI sur un manuscrit.
Ce OUI ressemblait à un 24 décembre de mon enfance.
Pour une histoire à laquelle je tenais beaucoup.
Un texte qui avait d’ailleurs essuyé quelques refus.
Et qui a été finalement accepté par une maison d'édition où je n’ai jamais publié auparavant.
Une maison d'édition qui fait de superbes albums.


Cent bonhommes de neige. Tel sera le titre de ce nouvel album.
Et l’illustratrice a commencé les esquisses.
Et me voilà redevenue petite fille à la veille de Noël.
Avec ce désir fou de chanter à tue-tête.
Secouée par une fébrilité émue.
Agitée par une euphorie qui a engendré une joyeuse insomnie.

Et je redécouvre, avec un étonnement ravi, comment on se sent jeune quand on vibre…

lundi 15 novembre 2010

De vieilles (mais précieuses) confitures


Je venais de terminer mon animation à la bibliothèque publique de Blackburn Hamlet devant trois classes d’enfants gentils-polis-jolis. Comme ça arrive souvent, il y en avait une douzaine autour de moi. L’un venait me poser une question, l’autre voulait un signet ou me raconter l’histoire qu’elle avait écrite…

J’ai remarqué la dame qui attendait à l’arrière. Elle tenait un sac dans les mains. Elle a patiemment attendu que j’ai signé tous les signets, parlé aux profs et aux parents. À la fin, quand il ne restait plus personne, elle s’est approchée. Elle a ouvert le sac et m’a tendu un pot de confitures maison en me demandant :
- Reconnaissez-vous l’écriture ?

Même si je n’avais pas reconnu l’écriture, l’étiquette disait tout.
C’était un pot de confitures fabriquées par ma tante Huguette.
Huguette : la sœur de mon père, qui avait enseigné aux adultes.
Huguette : une ancienne religieuse, sévère pour deux et généreuse pour trois.
Huguette : décédée en 2003.

- Mais… mais pourquoi avez-vous gardé le pot toutes ces années?
- Votre tante a été mon enseignante. On avait gardé contact. Elle était spéciale, a-t-elle répondu.

Je voyais que la dame était émue.
Elle a insisté pour que je garde le pot de confiture.
J’étais moi-même un peu remuée.
Et émerveillée de constater qu’il y a des enseignantes qui marquent à ce point leurs élèves.

J’ai couru chez nous avec une seule envie: appeler mon père au plus vite pour lui raconter cette histoire.
Pour lui rappeler que sa sœur avait été une enseignante appréciée.
Et que sept après sa mort, une de ses étudiantes pensait encore à elle.