jeudi 14 janvier 2010

Haïti… fermé pour une période indéfinie?


Sur les terrasses de l’hôtel Montana de Pétionville, j’ai vu des couchers de soleil à faire frissonner de joie.

Au bar de l’hôtel Montana, j’ai bu les meilleurs rhum-punch de ma vie.

Au restaurant de l’hôtel Montana, j’ai sympathisé avec deux serveurs. Un jeune et un vieux. Tout deux beaux comme des princes. Tout deux drôles comme des clowns. Comme j’ai passé deux semaines au Montana en 2008, pour le boulot, j’ai eu le temps de les connaître ces deux zigotos. De badiner avec eux. D’apprécier leur humour vif argent, enrobé de douceur. Ils m’ont même appris quelques mots de créole.

C’est à ces deux gaillards que je pense depuis deux jours. Car le tremblement de terre qui a ravagé Port-au-Prince a fait s’effondrer l’hôtel Montana. Plus de 200 personnes y sont portées disparues. «Mes» deux serveurs sont-ils sains et saufs?

Comme le fait si justement remarquer Venise dans son billet sur la catastrophe, il peut sembler sans cœur de s’inquiéter pour quelques personnes qu’on connaît, alors que des milliers d’autres sont plongées dans le drame. Mais l’empathie, et son corollaire, la compassion, se déploie plus facilement si l’on peut mettre un visage à celui qui souffre.

De tout ce que j’ai lu jusqu’à maintenant sur le séisme en Haïti, j’ai préféré ce texte de Foglia, pas seulement parce qu’il nous ramène à la littérature, mais aussi parce que j’y ai découvert la signification de l’expression « pays sans chapeau ». «C'est ainsi qu'on appelle l'au-delà en Haïti parce que personne n'a jamais été enterré avec son chapeau.»

Et j’ai aimé cette définition de la compassion, offerte par Venise : «La compassion n’est pas un sentiment que l’on endosse comme un vêtement du dimanche pour certaines Causes avec de grands C, pour s’en dévêtir aussitôt revenu à sa vie «normale».

Et j’ai aimé cette idée d’un acteur américain, qui a décrété que tous les financiers cravatés de Wall Street devraient donner 75% de leurs bonus à Haïti.

Sur le site web du Montana, ce matin, on peut lire le message suivant: « Nous regrettons de vous informer que l’Hôtel Montana Haïti sera fermé pour une période indéfinie. »

Comme le pays?

4 commentaires:

  1. Chère Andrée,
    Je savais que tu écrirais sur Haïti. J'ai pensé à toi depuis 2 jours, parce que je savais que tu t'étais rendue là-bas il n'y a pas si longtemps.
    Moi aussi, le texte de Foglia m'a beaucoup touchée ce matin. Je venais de lire Pays sans chapeau en novembre dernier. Et j'ai très envie de le relire,là, tout ce suite...

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  2. Il est certain que d'avoir un visage,un nom, une voix quand on prend connaissance d'un événement rend cet événement plus personnel. C'est comme si ça nous arrivait à nous, personnellement. Les medias l'ont compris, c'est pourquoi les photos ou vidéos qui touchent sont ceux où il y a des humains.
    Pourtant Foglia a réussi à nous faire voir Haïti à travers les mots de Laferrière et ça touche aussi. Beaucoup.

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  3. Je viens de lire Foglia, heureusement que l'on peut écrire les larmes aux yeux. Faut dire que j'ai aussi lu le texte de Nathalie Petrowski (je la lis rarement) mais son texte est aussi très touchant. Elle nous donne des nouvelles de Dany Laferrière, elle s'est mise un peu dans sa peau.

    Je suis très affectée par ce qui arrive, on ne s'immunise jamais contre les catastrophes de ce genre, ce n'est pas la seule ni la dernière, mais je ne sais pas, celle-ci m'atteint beaucoup. Beaucoup. Si ça peut juste un peu changer le monde, comme a dit Chantal Guy dans le seul statut qu'elle a écrit sur facebook, il y a quelque chose d'un 11 septembre ici.

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  4. Andrée-Anne, Claude, Venise,

    Tout ce qu'il faut espérer maintenant, c'est que cette tragédie apporte des changements durables... Sans vouloir être cynique, j'ai peu d'espoir. Suffit de regarder les pays frappés par le tsunami, cinq ans plus tard...

    Andrée

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