Hier soir, j’ai fais mon bénévolat du mois, en agissant comme juge pour la finale d’un concours oratoire organisé par une commission scolaire d’Ottawa. Les élèves, âgés entre 11 et 13 ans, s’étaient consciencieusement préparés. Ils avaient choisi des thèmes sérieux pour leurs discours: le réchauffement de la planète, les Palestiniens, l’importance de préserver l’eau, l’intimidation, etc. Bien documentés, ces jeunes orateurs nous ont bombardés de faits, de statistiques et d’arguments convaincants. Ils étaient sérieux, pétris de bonne volonté et bonnes intentions.
Jusqu’à ce qu’arrive le candidat M. (en tant que juge, nous n’avions pas accès à leurs noms avant la fin du concours). Le thème de son discours : qu’est-ce que je ferais si je gagnais un trillion de dollars? M. a commencé par les scénarios connus et habituels: donner une partie de l’argent à sa famille, ses amis, aux bonnes œuvres. Ensuite, il nous a dit les « vraies affaires », ce qu’un garçon de 11 ans ferait avec une tonne d’argent: s’acheter trois tonnes de bonbons, puis un palais (pour rendre les voisins jaloux) puis son avion personnel, puis des domestiques pour ne plus être obligés de faire le ménage de sa chambre. C’était drôle, irrévérencieux, candide et d’une fraîcheur inégalée. Il a charmé le jury au complet et la salle entière. Quand nous nous sommes retirés dans la salle des profs pour délibérer, nous (les trois juges) avons été spontanément unanimes : dans sa catégorie, notre « trillionnaire » méritait la médaille d’or.
En retournant chez moi, j’ai tenté de mettre le doigt sur les raisons pour lesquelles le jeune M. s’était à ce point démarqué des autres candidats? Contrairement aux autres, qui s’étaient largement appuyés sur des informations factuelles, M. avait osé être profondément personnel. Plutôt que de nous restituer des renseignements copiés sur le Web, il nous avait dévoilé un pan (très rigolo) de la pensée d’un garçon de 11 ans. Il avait raconté ce qu’il pensait lui, dans ses mots à lui, avec humour et fantaisie. Et j’ai pensé, c’est à ça qu’on reconnaît les vrais créateurs : leur audace à oser l’originalité.
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