mercredi 11 septembre 2019

Leçon d’écriture 1 - Une idée n’est pas une intrigue




10 leçons d’écriture  (une par jour)

ou 

La folle histoire de l’enfantement d’un roman 


Leçon d’écriture 1 - Une idée n’est pas une intrigue

Juin 2017
Depuis plusieurs années, des classes m’écrivent pour me demander une suite à
La plus grosse poutine du monde. Hein? Quoi? Mais, mais, mais…jamais je n’ai eu l’intention d’écrire une suite! Oui d’accord, mon roman se termine sur une fin ouverte.  Parce que je voulais laisser au lecteur le plaisir de s’imaginer les retrouvailles entre Thomas et sa mère... Mais bon, j’ai vite constaté que la plupart des jeunes (et même les moins jeunes!) n’aiment pas les fins ouvertes. Ils veulent qu’on leur mette les points sur les i et les barres sur les t. Dans le cas de mon roman, les élèves voulaient savoir s’il y aurait des éclairs ou des câlins lorsque Thomas allait revoir sa mère après 10 ans d’absence…

Je déteste relire mes livres. J’y trouve toujours des tonnes de défauts ce qui me donne une folle envie de les réécrire. Toutefois, avant de commencer à écrire la suite de La plus grosse poutine du monde, je me suis pincé le nez et me suis forcée à relire le roman pour me remettre dans la peau des personnages.

Cinq ans après la parution du livre, me voilà enfin prête à replonger dans l’univers de Thomas le taciturne, Samuel le farceur et Élie au-grand-cœur. Je dis prête mais en fait, je ne le suis pas une miette. La seule chose que je sais, c’est que ce roman parlera de bélugas. La lente disparition de cesbaleines blanches dans le Saint-Laurent me fascine depuis longtemps. Si les bélugas forment l’embryon d’une idée, c’est loin d’être une intrigue, encore moins un récit.

Tu veux une intrigue solide? Il te faut un bon conflit. Pour le moment, je n’ai qu’un squelette de conflit, qui tourne autour d’une chicane entre Thomas et son copain Samuel. Mais ça, c’est du niveau de la sous-intrigue. Même chose pour l’histoire d’amour entre Élie et Thomas… Le principal conflit de ce récit devrait être la quête de Thomas pour retrouver sa mère. Mais où? Quand? Comment? Quel sera l’incontournable élément déclencheur? Je ne peux plus parler de poutine ou me servir une deuxième fois du record Guinness. Et les bélugas dans tout ça? Comment vais-je arrimer cet enjeu environnemental au quotidien de mes personnages?

Tous ces points d’interrogation tourbillonnent dans ma tête. Je jette des idées sur papier, mais tout me semble flou. Terne. J’avance à tâtons ou je tourne en rond. Certains auteurs sautent sans filet et entament leur roman en se disant qu’ils iront là où les personnages les mènent. Moi je suis plus du genre mémère que kamikaze. Je ne saute pas sans parachute. Non, je ne commencerai pas à écrire ce roman sans d’abord savoir comment l’histoire se termine.

L’échafaudage de mon intrigue progresse à pas de tortue. Je passe un temps fou à construire-déconstruire les blocs de mon récit, à chercher l’agencement le plus puissant. Pour bâtir une histoire captivante, il ne suffit pas d’enfiler les actions comme les perles d’un collier. Je dois organiser mes scènes pour créer une tension dramatique et générer cet ingrédient indispensable au plaisir de lecture : le suspense.

Leçon d’écriture 1 : Tu as trouvé une idée originale et accrocheuse. Bravo pour ce bon début. Mais souviens-toi, une idée n’est pas une intrigue.

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