mardi 17 septembre 2019

Leçon d’écriture 7 - Gérer les montagnes russes de la motivation



10 leçons d’écriture (une par jour)
ou
La folle histoire de l’enfantement d’un roman


Septembre 2018
J’ai 150 pages de manuscrit qui s’empilent sur ma table, mais il reste encore de gros trous dans l’intrigue et la finale est boiteuse. Mon texte regorge de répétitions, de clichés et de dialogues ronflants. Ma réécriture traîne de la patte et l’essoufflement m’accable.

Parfois, après une phrase bien tournée ou une image un tantinet originale, je jubile et m’exclame : il va être bon ce roman, il va être bon! Mais pour chaque petit moment d’excitation, j’ai 52 moments de doutes écrasants. L’histoire de Thomas, de sa mère fuyante et des bélugas en voie de disparition, qui me semblait si excitante au départ, me semble maintenant aussi excitante qu’un bilan financier.

Verte de jalousie
Le matin, je me lève à reculons pour m’installer à contrecœur devant mon écran. Une amie auteure me raconte qu’elle écrit pendant des heures et qu’elle en oublie de manger. Je verdis de jalousie. Moi, je vogue entre les jours où l’écriture coule comme de la mélasse en hiver et les jours où je suis convaincue d’être en panne pour toujours.

J’ai envie de me transformer en patate de sofa et de me perdre dans Netflix pour des heures et des heures, en mangeant des Joe Louis et des chips au ketchup. J’ai envie de tout sauf d’écrire. 


Everest inatteignable
Assise à mon clavier, j’arrive mal à faire taire cette voix irritante qui répète le même refrain : pas capable, pas capable… pas capable. Même avec mes coquilles sur les oreilles, je n’arrive pas à me donner un coup de pied dans l’arrière-train. Ma motivation vacille, mon humeur oscille entre le j’en-peux-plus et le je-ne-veux-plus. Terminer ce manuscrit me semble un Everest totalement inatteignable.

Le cliché de l’écrivain dont la main court sur le papier tandis que de jolies phrases jaillissent de sa plume en un bouquet coloré, eh bien, cette image est le plus gros des mensonges. Écrire un roman, c’est rarement romantique, méthodique ou harmonieux. Non, le processus créatif se déroule dans la confusion et le cafouillis, avec moult bafouillements, reculades et frustrations.

Leçon d’écriture 7 : Pour un écrivain, la persévérance compte autant que le talent d’écriture. Ah non, que tu me réponds. Pas encore le mot persévérance, ressassé, usé, utilisé à toutes les sauces et dans tous les sermons. Désolée, mais la persévérance est ici aussi indispensable qu’incontournable. Trouver 1001 excuses pour ne pas écrire? Très facile. Trouver 1001 trucs pour préserver son élan et son désir d’écrire? Pas facile. Si tu veux écrire, il te faut apprendre à gérer les montagnes russes de la motivation.

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